Ski alpin: "Cette année, je suis dans le coup", les confessions de Clément Noël avant le slalom de Wengen

Clément Noël, est-ce que le weekend dernier, à Adelboden, cela a été la victoire la plus émouvante pour vous ?
Je ne sais pas. C’est possible. Enfin, dans toute la carrière, non, mais cette année peut-être que oui. Ce qui est sûr, c’est que j’étais hyper content de gagner, soulagé et ça m’a montré que j’étais au niveau que je voulais être. Ça m’a fait grand bien. Si je me replonge dans toutes mes victoires, il y en a certainement d’autres qui m’ont encore plus marqué. Mais ça a été un gros moment.
Un gros moment parce qu’aussi il y a eu cette blessure à la cheville à Val d’Isère. Maintenant, c’est du passé ?
C’est du passé, non pas forcément. J’essayais de ne pas trop prendre ça comme excuse déjà avant mais là je ne peux vraiment plus le faire. Sachant qu’on a vu que j’arrivais à être performant comme ça. Ça me limite encore un peu à l’entraînement dans le sens où j’essaye de faire le moins de manches possibles. J’essaye d’être précautionneux parce que ça me fait des petites douleurs à l’entraînement. Je gère mon effort entre guillemets. Ça n’est pas du passé car ça me demande encore d’être strappé dans la chaussure. Sinon, ça me fait mal.
Je ne peux pas faire ce que je veux en sport, en préparation. Donc je fais beaucoup de vélo ou de trucs qui ne sont pas contraignants pour la cheville. Mais ça ne m’empêche pas de skier à quasi 100% je pense. Je ne peux pas prendre ça comme excuse et en course je sais que je peux, en tout cas j’ai les capacités, pour être bon. Il n'y a qu’à moi de le faire.
À Wengen, vous avez gagné deux fois et très jeune. Comment vous décrieriez les clés de cette piste ?
C’est une piste vraiment compliquée. Pour moi, c’est la plus belle piste de la saison. Mais c’est aussi une des plus difficiles, celle qui demande d’être le plus complet. Il y a un mur qui est hyper raide, peut-être le plus raide de la saison. Il y a des parties un peu plus plates, pas mal de mouvements de terrain. C’est une piste un peu physique aussi. Il n’y a pas une clé, ça demande à être très très bon et très rigoureux techniquement de haut en bas. Wengen ça m’a bien souri dans le passé. Ces dernières années, il y a eu des hauts et des bas mais rien de bien méchant. C’est une piste que j’aime, j’aime l’atmosphère là-bas. C’est un endroit magnifique. Je suis content de courir là.
Avec l’enchainement de janvier, est-ce que physiquement vous vous sentez bien ? Avez-vous encore des réserves ?
Oui ça va. Vu que je gère encore ma cheville j’essaye de faire le moins de manches possible. Là, à l’entraînement, en deux jours, j’ai fait cinq manches au total. Le reste du physique, forcément, va bien. Je ne tire pas trop dessus. Je n’ai pas d’autres douleurs ou fatigue particulières. C’est aussi important d’avoir de la fraîcheur au mois de janvier parce que c’est long. On part pendant longtemps de la maison et on enchaîne bien. Finalement, cette cheville me permet aussi de gérer cette fraîcheur parce que je fais attention.
Malgré une cheville endolorie, vous arrivez à gagner, vous sentez que vous en avez encore sous les skis et une certaine avance sur la concurrence ?
J’arrive à gagner oui mais après je ne pense pas être un cran au-dessus de tout le monde. Je pense que le niveau est haut et à chaque course on voit qu’il y a eu des vainqueurs différents, il y a eu des retournements de situation, il y a des mecs hyper solides qui sont tout le temps devant comme Henrik Kristoffersen, comme Loïc Meillard. Il y en a qui sont très rapides mais qui font des erreurs comme Manuel Feller ou Atle Lie McGrath. Je reste humble par rapport à ça. Je sais qu’il y en a qui peuvent me battre, ils l’ont déjà fait et le referont.
J’essaye juste de faire du mieux que je peux. C’est sûr que cette année je suis dans le coup, quand je fais mon meilleur ski ça peut m’amener devant. Mais il peut toujours y avoir un mec qui fait une meilleure course. Il ne faut pas trop se focaliser sur les autres, ce qu’ils font, s’ils sont bons, pas bons. J’ai assez de boulot à m’occuper de moi et je sais que je suis dans une bonne période où je skis bien. Je sais que le niveau est haut et la densité est forte en slalom et ce depuis des années. Le niveau n’a pas baissé, au contraire. Il faut rester vigilant par rapport à ça.