La morgue ou la prison? Whyte a choisi les gants (à la télé samedi soir sur RMC Sport)

- - -
Un surnom peut vous placer un homme. Pour Dillian Whyte, c’est "the Body Snatcher", comprenez le "détrousseur de cadavres". Puissant, vicieux, enragé. Lucas Browne a fini face contre terre, mis KO d’un crochet gauche dans la sixième reprise d’un combat à sens unique en mars dernier, laissant craindre le pire tandis qu’il ne se relevait pas pendant près de cinq minutes. Robert Helenius lui avait résisté pour s’incliner sur décision unanime des juges, Malcom Tann s’était effondré le long des cordes.
Père à 13 ans, pauvre à en fouiller les poubelles
Le boxeur britannique traîne une réputation de bête blessée… bien au-delà des gants. Né en Jamaïque dans un contexte d’une pauvreté extrême, le trentenaire a vu sa mère filer pour Londres alors qu’il n’avait que deux ans, pour tenter d’améliorer sa situation financière. Sans lui, parti dans une famille d’accueil. Et sans véritablement l’aider, l’argent envoyé n’ayant pas atterri dans l’escarcelles du gamin, comme le raconte cette semaine le Daily Mail. Des jours sans manger, à faire les poubelles sur la plage.
Son arrivée à Londres à l’âge de 12 ans n’est guère réconfortante. "J’allais de ghetto en ghetto", raconte Dillian Whyte, tour à tour blessé par balle à la jambe ou par arme blanche "à l’âge de 13, 15 et 16 ans" précisait-il en mars dans The Independent. A 13 ans, il devient en prime papa. "Je devais grandir plus vite mentalement, raconte le trentenaire pour 1NewsNow. Cela change tout. Pendant que la plupart des gosses couraient et jouaient, j’avais deux emplois et je faisais d’autres choses à côté pour avoir de l’argent et nourrir ma famille." Sur le papier, le natif de Port Antonio semblait destiné à remplir la rubrique faits divers.
"La boxe m’a sauvé"
Dire que la boxe a sauvé Dillian Whyte n’a rien de galvaudé. Il le répète à l’envie. "La boxe m’a sauvé la vie. Beaucoup de jeunes qui ont grandi avec moi sont morts ou en prison pour un long moment", résume-t-il tristement pour 1NewsNow. Confirmant une sorte de rédemption par le ring. "Ma mère déteste le fait que je combatte, racontait-il après avoir mis KO Lucas Browne. Mes sœurs aussi mais elles comprennent que la boxe m’a permis de m’en sortir. Elle m’a sauvé, elle a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui, mentalement et physiquement."
Le gamin mis à l’écart, qui n’allait pas à l’école et tentait d’esquiver le danger dans la rue prend aujourd’hui une jolie revanche. "Quand j’avais sept ou huit ans, tout le monde avait déjà son petit groupe. Et moi, j’étais celui qui parlait différemment de tous les autres. Mais ils vu rapidement que ce n’était pas une bonne idée de se moquer de ma façon de parler, explique-t-il pour Sky Sports. Je devais me défendre et, malheureusement, j’ai commencé à frapper quelques personnes à l’école. Et tout a changé."
Il a fait mal à Joshua

Tout a changé, au point d’être tout proche de s’octroyer une chance mondiale – probablement contre Deontay Wilder – en cas de victoire face au Néo-Zélandais Joseph Parker (à suivre à partir de 21h sur RMC Sport 1). Les deux hommes ont en commun d’avoir affronté le même homme: Anthony Joshua. Parker était le dernier adversaire du Britannique, désormais détenteur des ceintures WBA, WBO, IBF et IBO, et l’a emmené au bout du combat pour s’incliner sur décision des juges. L’histoire est un peu plus ancienne entre Whyte et Joshua.
En décembre 2015, avant l’éclosion d’AJ en haut de la hiérarchie des lourds, les deux hommes ont livré un combat dantesque, qui aurait pu mal tourner. Whyte aura chancelé dès la première reprise et malgré la cloche, Joshua avait allumé la mèche en replaçant un ou deux coups… encourageant son adversaire à riposter au-dessus de l’arbitre, avant d’être ramené au coin par son clan. Pour la première fois depuis sa montée chez les pros, Joshua aussi a vacillé, dans un deuxième round en forme de renversement. C’est finalement Whyte qui a cédé, mis KO dans le septième round d’un uppercut droit monstrueux. Le début du chemin pavé d’or pour Anthony Joshua, la suite de la rédemption pour Dillian Whyte.