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MMA: combats en France, formation… Ce que va changer la légalisation en cours de la discipline

En annonçant la mise sous tutelle par la Fédération française de boxe anglaise du MMA, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, ouvre un peu plus la porte à la légalisation totale de la pratique en France. Pour Fernand Lopez, c’est "un grand symbole". Le patron de la MMA Factory dévoile, à RMC Sport, les chantiers en cours et à venir.

Fernand Lopez ne cache pas son enthousiasme. Mardi, la nouvelle est tombée: la France, l’un des derniers pays du monde qui interdit encore les événements de MMA, fait un pas supplémentaire vers la levée de cette interdiction. La ministre des Sports a annoncé la mise sous tutelle de ce sport sous l’égide de la Fédération française de boxe anglaise.

Une posture qui s’inscrit dans la lignée des mots de l’ancienne nageuse qui, au printemps 2019, au micro de RMC Sport, se déclarait favorable à la pratique du MMA en France. "Je tiens avant tout à remercier Mme Maracineanu, une vraie femme avec beaucoup de courage, qui a des postures très fortes et qui va jusqu'au bout avec ce pas encore vers le MMA", salue aujourd’hui Fernand Lopez.

Plus de formation pour chasser la pratique sauvage

Via cette mise sous tutelle, les cadres du MMA en France vont bénéficier de l'"encadrement d’une Fédération qui a de l’expérience", note l’entraîneur et patron de la MMA Factory. Par ce biais, Fernand Lopez s’attend à voir le MMA gagner en qualification.

"En France, dans toutes les disciplines sportives, on ne peut enseigner que si on est qualifié pour. Or, sur le MMA, il y a un vide juridique qui mène à des dérives comme la pratique sauvage ou des blessures, avec des personnes qui n'ont pas les qualifications et ne comprennent donc pas les contraintes mécaniques et physiologiques liées à la discipline sportive", explique-t-il.

L’organisme de formation Management Factory doit d’ailleurs présenter sous peu son premier diplôme lié au MMA. "Nous sommes des éducateurs sportifs. C’est notre responsabilité d'éduquer les jeunes, d'apporter les valeurs républicaines, de l'éthique, de la déontologie, du respect, du fair-play...", insiste Fernand Lopez.

Deux ans pour instaurer un cadre exemplaire

La mise sous tutelle du comité français de MMA doit durer deux ans maximum. A l’issue de ce délai, un point sera fait, mais l’objectif est qu’"on soit prêt pour prendre notre envol et notre indépendance", poursuit le coach, qui rappelle qu’"il est prévu qu’il y ait une Fédération de MMA".

Ce pas en avant de la ministre des Sports doit permettre à terme de lever l’interdiction de la pratique professionnelle en France. "On aura des athlètes qui pourront avoir le plaisir de combattre chez eux avec leur public, leur famille, ce qui n'a pas souvent été le cas. Quand vous allez combattre sur un terrain hostile, c'est très compliqué. Pouvoir combattre chez soi, c'est quelque chose de différent", se réjouit Fernand Lopez. Les combattants pourraient en tirer d’autres avantages: "Avec le temps, on arrivera peut-être aux aides d’Etat, aux subventions pour les athlètes de haut niveau…"

Pour rappel, on compte en France entre 30.000 et 50.000 pratiquants de MMA. Avec les dernières avancées, Fernand Lopez s’attend à "une évolution exponentielle du nombre de licenciés". C’est aussi pour eux qu’il insiste pour un encadrement pédagogique poussé. "Il faut laisser du temps à la Fédération qui a la délégation de pouvoir s'organiser, de nous donner le cahier des charges" détaille-t-il. Le but: "Que nous, promoteurs, puissions mettre en place une organisation saine et dans les clous de ce que l’Etat autorise."

"Prendre le temps de faire de la qualité"

Avec l’autorisation de la compétition sur le territoire national, Fernand Lopez s’attend à "une flopée de compétitions". "Ça fait tellement longtemps qu’on attend qu’on ouvre les vannes, tout va foncer", espère-t-il. Aujourd’hui, "le MMA a droit de citer, un label", grâce à la volonté de Roxana Maracineanu, qu’il remercie pour avoir au moins défini le MMA comme une discipline sportive à part entière.

"Elle est la première dame de France sur le sport et a dit sur BFMTV que le MMA est un sport. La cage n’est pas une forme avilissante. La cage et l'octogone sont là pour protéger, car il s'agit d'un espace de combat pour le MMA, de la même manière que le ring est un espace de combat pour la boxe, le tapis est un espace de combat pour la lutte, la plateforme est un espace de combat pour le sangha", martèle-t-il.

Mais pas de précipitation car "il y a encore beaucoup de travail à faire en amont", tempère Fernand Lopez. Le MMA totalement installé en France, c’est pour bientôt, mais il convient de suivre chaque étape. "L’idée n’est pas d'organiser des événements rapidement, mais de bien les organiser et de prendre le temps de faire de la qualité événementielle, de la bonne production", assure Fernand Lopez, qui vise "le premium, le qualitatif".

N.B avec Julien RICHARD