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Karaté: "A chaque fois c’est un nouveau livre à écrire", la joie de Mehdi Filali après son titre de champion d’Europe

 Mehdi Filali

Mehdi Filali - Ewen Gavet/Icon Sport

Ce samedi matin à Erevan (Arménie), le Marseillais Mehdi Filali est devenu champion d’Europe de karaté pour la deuxième fois chez les plus de 84 kilos après sa victoire en 2023. Une victoire qui s’est jouée à l’échauffement quelques minutes avant. Tête de pont du karaté français en l’absence de Steven Da Costa, Filali vise maintenant le doublé mondial en Egypte fin novembre.

Mehdi Filali, quel est le sentiment après ce deuxième sacre européen ?

C’est déjà une grande satisfaction de remonter sur la plus haute marche du podium. L’an passé je termine 3e en passant à côté de ma demi-finale. Revenir et refaire champion d’Europe, ça prouve que je suis toujours présent, j’arrive encore à gagner des titres. C’est un titre de plus à ajouter à ma collection. Pourquoi pas continuer et défendre mon titre de champion du monde dans quelques mois.

Maintenant vous rêvez de mettre un petit deux à côté de la case ‘champion du monde ?

Exactement. L’année de mon premier titre mondial je fais champion d’Europe quelques mois auparavant. On espère que la prophétie va se répéter. J’espère que je serai encore champion du monde.

Mercredi, lors des éliminatoires, vous paraissiez au-dessus. Vous gagnez deux combats 6-0 ! A ce moment vous vous dites que vous êtes très fort ?

C’est le premier combat qui donne le tempo pour toute la journée. Quand je vois que je rentre et que j’arrive à mettre six points, je me dis que ça va être une bonne journée, à condition que je garde cette constance, cette maîtrise. Ça c’est super bien passé sur les éliminatoires mercredi. Aujourd’hui, c’était beaucoup plus tendu contre le Croate Kvesic, double champion d’Europe. Je savais que ça allait être un match super serré. Ça se joue d’un point (2-1) et cette fois-ci c’est pour moi.

Vous gagnez sur un coup de pied au corps donné 2 points. Pourquoi ce coup à ce moment-là du combat ?

Je l’ai travaillé avec mon coach à l’échauffement juste avant. C’est fou. Quand j’étais à l’échauffement, mon coach me dit que Kvesic s’arrête après chaque technique. On rentre une technique de poing en même temps, il s’arrête et je fais mon coup de pied à deux points. Derrière je garde le score pendant une minute trente pour être champion d’Europe. Il a fait son coup de poing en pensant avoir marqué. Instinctivement, je suis un athlète qui n’arrête pas. J’aime donner suite à mes attaques. Quand l’adversaire s’arrête c’est là qu’il est le plus vulnérable.

En l’absence de Steven Da Costa, vous êtes la tête de pont du karaté français avec votre palmarès. Est-ce que vous le sentez ?

J’évite de trop y penser. C’est de la pression. A chaque compétition, je me dis que c’est une nouvelle histoire qui s’écrit. J’ai beau être champion du monde, le sport est cruel. A la compétition suivante vous pouvez être sorti dès les éliminatoires. Les adversaires s’entraînent, ils veulent te battre. A chaque fois c’est un nouveau livre à écrire. J’évite de trop penser à ce statut. Je me dis qu’il faut que je bosse, que je pense à mon karaté. Cette fois-ci c’est passé et j’espère qu’aux Mondiaux ce sera la même chose.

Dimanche vous remontez sur le tatami avec vos coéquipiers masculins pour disputer le bronze par équipe à la Bosnie.

La fatigue commence à s’installer. C’est mon 4e jour de compétition. C’est 4 matins où tu te lèves avec de la pression. Il reste un matin et un match. Je me dis que c’est trois minutes-là je dois les faire pour l’équipe. Je dois apporter ce point avec les copains. Qu’on puisse ramener cette belle médaille de bronze et qu’on rentre d’Arménie avec deux jolies médailles pour l’équipe de France. Les Bosniaques vont y mettre du cœur. Il faut que nous aussi on ait cette détermination et qu’on s’aligne pour gagner.

Propos recueillis par Morgan Maury