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Karaté: après son titre mondial et son année folle, Steven Da Costa se dit "épuisé"

Steven da Costa

Steven da Costa - AFP

Après le titre olympique cet été à Tokyo, Steven Da Costa est venu emporter son 2e titre mondial ce samedi à Dubaï en moins de 67 kilos. Une performance après le tourbillon post or olympique dans lequel il a été emporté. Cerise sur le gâteau, son frère jumeau Jessie finit en bronze en moins de 84 kilos. Deux frangins à la voix cassée mais heureux.

Steven Da Costa, nouveau titre mondial pour vous après 2018 et le bronze pour Jessie, c’est une journée incroyable!

Steven Da Costa : C’est beau et spécial. Les gens vont penser que c’est facile mais monter sur les marches d’un podium mondial c’est incroyable. Ce matin, dès que j’ai vu que Jessie faisait troisième c’était parfait. Je suis heureux. Ce n’est que du bonheur.

Jessie Da Costa : Avoir une médaille mondiale individuelle tous les deux c’est un rêve de gosse qui se réalise. C’est une réelle fierté pour moi d’avoir réussi à aller la chercher et de voir Steven survoler sa finale c’est magnifique. On aurait pu rêver un peu mieux si la mienne avait été en or. Mais comme il dit, les gens vont commencer à croire que c’est facile.

Cela a été dur de repartir après les JO et toutes les sollicitations?

SDC : Très dur. Pas la motivation. J’avais envie de souffler après ces longues années. Je suis usé psychologiquement. Pour ces Mondiaux, j’ai eu peu d’entraînement, un peu des entraînements au lance-pierre : un coup je m’entraîne, un coup je ne m’entraîne pas pendant 2-3 jours. C’était compliqué. Là, maintenant, je suis épuisé. Trois mois après les Jeux ça a été compliqué, là c’est fini et je vais pouvoir souffler après l’Open de Paris (21-23 janvier).

Jessie, quel est votre regard sur les performances de votre frère?

JDC : On a toujours fait le parcours ensemble. Il n’y a jamais eu de jalousie entre nous. Cela a toujours été une fierté familiale de réaliser ce parcours ensemble. Comme sportif, j’ai des aspirations à faire des podiums mondiaux. Je suis fier de ce que m’on frère fait. Les gens ne se rendent pas compte du rythme de vie qu’il a eu après les JO. Faire dans ces conditions un championnat de ce niveau, chapeau ! Je ne pense pas en être capable (rires).

Est-ce que cette médaille à un goût particulier, Steven?

SDC : Cette médaille a un goût particulier parce que j’étais dans le dur. Après avoir déjà fait champion du monde c’est compliqué de recommencer. Les Jeux ça reste les Jeux ç’a une autre dimension. C’était les premiers et sûrement les derniers JO. C’est vrai que ces Mondiaux ont un goût particulier.


Vous vous êtes battu pour que le karaté reste au programme olympique!

SDC : Cela montre que ce n’est pas la fin du karaté. Il y a toujours de beaux championnats du monde. J’espère que la décision finira par changer mais elle ne me concernera plus. Ca sera un peu tard à mon avis. Je continuerai à me battre pour mon sport, il le mérite. J’avais ces titres avant les Jeux. Aujourd’hui peut-être que j’appuie un peu plus encore. Je pense que si ça avait dû changer ça aurait déjà changé. Ca commence à faire un peu juste. On est bientôt en 2022 et la décision n’a pas changé. Je ne pense pas qu’ils changeront à la veille des JO. Je participerai aux Jeux de Paris mais peut-être pas à la bonne place. J’ai fait pas mal de médailles mais je ne peux pas faire plus.

JDC : Très fâché. C’est dommage. On montre avec nos parcours qu’on peut ramener des belles médailles à la France aux JO. Et parler de belles histoires. Je pense que nos histoires sont plutôt cools. Comme le dit Steven , à mon échelle je me battrai toujours pour mon sport. Malheureusement j’ai moins de poids que lui.

Votre père qui est aussi votre entraîneur ne pourra rien vous dire sur la finale, 8-0 sur Pavlov?

SDC : Avec un 8-0 en finale pour une fois mon père ne peut pas me dire grand-chose. Cela a été un très beau championnat malgré des combats très compliqués. La famille est heureuse, on est les deux seules médailles masculines. C’est beau et grand. Même lui je pense qu’il ne mesure pas. La finale était plus simple que la demi-finale (3-2 contre un Japonais) et le combat contre le Grec. Mais attention, le Macédonien avait sorti du beau monde. Il attendait l’ouverture. Je pense que s'il mettait le premier point ça aurait été très compliqué. Dieu merci ça s’est bien fini. Ca aurait pu être un combat différent. Il a fait beaucoup de podiums chez les 60 kilos, il monte en 67 kilos et il fait finale tout de suite. C’est grand ce qu’il a fait.

Valentin Jamin