RMC Sport Sports de combat

MMA et Ecole normale, la double vie d'Iris Marmouset

placeholder video
A 24 ans, Iris Marmouset va faire son premier combat de MMA professionnel, seulement, huit mois, après avoir commencé cette discipline. La jeune tourangelle, a un profil en plus particulier. En parallèle, elle suit des études de physique à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.

On est bien loin de l'histoire personnelle de Francis Ngannou, champion du monde des lourds à l'UFC, qui travaillait enfant dans les mines de sable du Cameroun ou même de celle de Conor McGregor, sorti des bas-fonds de Dublin pour conquérir le MMA.

L'histoire d'Iris Marmouset, 24 ans et qui dispute jeudi soir à Paris son premier combat pro de MMA est très différente mais tout aussi inspirante. "Je suis très excitée, tout un monde s’ouvre à moi, le MMA s’ouvre à moi", lâche tout sourire Iris, à la fin de son entrainement. Elle va découvrir le Palais des Sports de Paris pour son premier combat professionnel de MMA, huit mois après avoir découvert la discipline. Un coup de coeur. "Ca me fait me sentir vivante, exprimer mes émotions de façon assez forte. Je ressens du bonheur après des choses dures, comme l’entrainement, la prépa, le combat, ca me fait sentir tellement vivante, je suis un peu addict." Avant cela, elle a pratiqué la boxe. "Je suis une fille du pieds poings. J’ai fait beaucoup de Muay en Thaïlande sans protection donc j’ai des bons coups de pieds et de genoux." Elle a passé huit mois en Thaïlande, lors d’une année de césure à 20 ans, pendant ses études de médecine.

Car en plus d'avoir des pieds et des poings en béton, Iris Marmouset a aussi une tête bien faite. Et même une étudiante brillante. Classe sautée, une année de médecine militaire, trois ans de médecine en civil. Puis, aujourd’hui, étudiante en physique à l’Ecole Normale Supérieure, depuis deux ans. "La physique c’était une évidence, je me sens stimulée. C’est intéressant, c’est la discipline qui me correspond." En tenue de sport au quotidien, au milieu de centaines d’étudiants, Iris arrive à concilier son sports et ses études. "Je dois vraiment répartir mon temps de façon intéressante et intelligente. Je n’ai pas beaucoup de vie à côté, je suis assez monacale dans mon mode de vie et j’essaye d’optimiser ce que je fais. J’essaye de tout caler dans mon emploi du temps."

Mais être toujours dans l’activité, que soit physique ou intellectuelle, Iris en a besoin. "D’un côté le haut niveau de physique et de l’autre le haut niveau de MMA, j’alterne entre les deux et pour l’instant ça crée un équilibre dans ma vie." Et elle étonne même Rizlen, sa coach. "Quand je parle d’elle, je dis qu’il faut se méfier des apparences. C’est une tête à l’école et aussi une tête en mode combattante." Il y a deux Iris, constate Rizlen. "Quand vous la voyez dans la vraie vie elle est calme, posée. Dans la cage c’est une sauvage, elle a faim. Elle a plein de choses en elle, ce qui fait qu’elle doit se libérer. Elle a envie de réussir, elle est déterminée, motivée, j’aime bien." Jongler entre l’ENS et le MMA factory, où elle s’entraine, est un quotidien que l’étudiante apprécie. "Ce n’est pas la même ambiance. Mais ça me fait du bien d’alterner avec l’ambiance speed du MMA factory et l’ambiance plus détente et studieuse de l’école."

Et en pleine préparation de son combat, elle est aussi, en pleine révisions de ses examens de mathématiques. "C’est plus compliqué de travailler dans ce genre de contexte, en préparation de combat. On s’entraîne plus, c’est compliqué à gérer. Mais quand je fais moins l’un, je fais plus l’autre. Globalement je m’organise et je fais ce que je peux pour mettre en priorité ce qu’il y a en priorité au moment T." Mais Iris a tout de même quelques facilités à apprendre, à assimiler rapidement. "J’arrive à rester productive. Je suis dans un lieu d’excellence, entourée de gens très bons où on nous demande beaucoup de choses, j’ai beaucoup de travail mais je suis passionnée par ce que je fais." Et pour la suite, tout est déjà tracé dans sa tête professionnellement parlant comme sportivement: "j’aimerais faire une thèse et de la recherche en physique, plutôt appliquée à la médecine. La science médicale m’intéresse", et en MMA, "pourquoi pas rêver de l’UFC", le championnat le plus prestigieux de la discipline.

"On va la bouffer"

Mais avant cela, il y a donc ce premier combat pro. Forcément un peu de stress pour la jeune combattante de 24 ans mais l’objectif est clair dans sa tête: "c’est de gagner, si possible par KO, ne pas prendre de risque. On se fait plaisir et bien sur je vise toujours la victoire, on combat pour ça et la meilleure gagnera." Son adversaire, Iris s’en méfie: "je ne la connais pas personnellement mais elle a touché un peu à tout, du pieds poings, du sol, de la lutte. Alors je m’entraine en fonction de ce que j’ai vu d’elle et de mes forces. Et puis je travaille sur des détails spécifiques liés à elle."

Entourée de Rizlen Zouak, ancienne judokate professionnelle et actuelle combattante de MMA, pour préparer ce combat, Iris s’entraine dur: "j’ai la pression, quand on rentre dans une cage on ne sait pas ce qu’il va se passer. Je vais faire du mieux que je peux, je sais que je peux bien faire." Sa coach, Rizlen, croit en elle. "Il faut aucune faiblesse dans sa tête, qu’elle soit en mode sauvage. Quand elle est comme ça, elle est très dangereuse." Et elle sait comment la préparer au mieux. "Faut la connaître, une fois qu’on a cerné le personnage on sait comment il faut faire. Des fois c’est comme de la préparation mentale. Je lui dis des mots, elle en a besoin. Parce qu’Iris, son point faible c’est de trop s’écouter. Mais si on est derrière elle, en lui disant t’es la plus forte, elle va arriver en mode sauvage." C’est pour ça, qu’en bord de cage, à l’entrainement, Rizlen lui rabâche souvent: "je ne veux pas que tu sois négative, t’es une gagnante, une battante. T’as pas fait tout ça pour rien. Quand t’arrives dans la cage tu la bouffes, en mode sauvage. On va la bouffer."

Par Léna Marjak