Bellator Paris: Lucie Bertaud, la dernière danse de la combattante aventurière?

Son sourire reste XXL, sa bonne humeur communicative. Mais à l’intérieur, la guerrière est bien de retour. Fin octobre 2021, après plus d’une année sans monter dans la cage, Lucie Bertaud retrouvait le combat à Paris à l’occasion de la deuxième soirée de l’organisation Hexagone MMA. Un retour aux affaires conclu sur une défaite frustrante via un TKO infligé par la Vénézuélienne Karla Benitez – qui transformera son œil en impressionnant "œuf" – au bout d’un combat qu’elle semblait avoir en mains. Décevant pour elle mais presque logique.
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Quelques mois plus tôt, la Française avait pris la direction d’une île de la Polynésie française pour participer à l’émission Koh-Lanta: Les Armes Secrètes, dont elle terminera finaliste. Et les conséquences de cette aventure n’avaient pas encore disparu. "Je n’étais pas encore redevenue une vraie combattante, confirme l’intéressée au micro de RMC Sport. Physiquement, déjà. Je n’aurais jamais cru que ça pouvait prendre autant de temps de se remettre d’une aventure comme celle-ci. Et psychologiquement, je n’étais pas encore bien revenue non plus. J’ai voulu mettre la charrue avant les bœufs. C’était trop tôt."
Il s’agissait alors aussi de surfer sur le coup de projecteur médiatique et le booster de notoriété apportés par le programme de TF1, à l’image de la vingtaine d’aventuriers de Koh-Lanta invités dans la salle ce soir-là. "C’était aussi une opération de communication, reconnaît-elle. Là, j’ai voulu vraiment couper avec tout ça et de me concentrer sur moi, la combattante. Si ça doit être mon dernier combat, je veux le vivre en tant que combattante." Lucie Bertaud évoque son rendez-vous avec la Polonaise Katarzina Sadura (5-4) ce vendredi soir dans la cage de Bercy, son deuxième combat dans la grande organisation Bellator après sa victoire sur Maguy Berchel en octobre 2020 déjà dans l’enceinte parisienne.
A l’époque, les conséquences de la pandémie avaient limité le public à une jauge de mille personnes. Frustrant. Mais cette fois, la salle sera dix fois plus pleine et le cadre encore plus superbe avec au programme de la carte le combat historique du pionner Cheick Kongo contre Ryan Bader pour le titre des lourds. "Je n’ai jamais combattu devant autant de monde et je vais vivre ce moment pleinement car ça fait vingt-deux ans que je m’entraîne et c’est un moment que j’ai créé, savoure l’ancienne championne d’Europe amateur de boxe, qui avait commencé le noble art à quinze ans. C’est le rêve de ma vie, celui de Lucie l’adolescente."
Qui aura les yeux grand ouverts vendredi soir: "Quand j’ai commencé la boxe, mon rêve était de faire un grand combat à Bercy, devant un grand public, avec une grande organisation et un gros chèque. Il a fallu du temps mais on y est, j’ai réalisé ce rêve. Tout ce que j’ai fait était pour ça. Je vais être stressée mais ça fera aussi partie de la magie du moment. Que le résultat soit bon ou mauvais, ce sera un très bon souvenir dans quelques années." A trente-sept ans, on entend dans les mots de la combattante française l’idée du bout du chemin.
Championne de France en boxe, kickboxing et sambo, vice-championne du monde amateur en MMA, professionnelle depuis 2016 (3-3), journaliste, commentatrice, autrice, Lucie Bertaud a beaucoup donné pour le combat au fil des années. L’heure est peut-être venue de raccrocher les gants. "En fonction du résultat, ça peut amener soit à une reconduction de mon contrat qui se termine avec des challenges plus ambitieux, soit pas. Et je ne vais continuer pour redescendre en grade. Soit j’ai mieux et je suis gourmande, soit il n’y a pas et je passe à autre chose." Avec d’autres envies en tête si sa carrière de combattante doit s’arrêter-là. Et comme la sensation que celle qui dit "ne pas être stressée" par ce côté quitte ou double a déjà en grande partie tourné la page.
"Je veux construire ma vie de femme. J’aimerais peut-être bien avoir un bébé l’année prochaine. Oooops, petit scoop. (Rires.) Ça reste l’essentiel de la vie. Je suis très contente de ma carrière et je me remercie d’avoir vécu tout ce que j’ai vécu jusque-là, d’avoir eu le courage de le vivre car il en faut, mais tout ça est éphémère. Je n’ai pas envie de me réveiller à cinquante ans et de me dire: 'Ah ben merde, j’ai fait tout ça pourquoi en fait ?'"
Son futur se joue contre Sadura, combattante de trente-et-un ans contre qui la Française s’attend à des étincelles entre "deux grosses strikeuses". "Elle est au taekwondo ce que je suis à la boxe anglaise, c’est-à-dire que j’utilise mon jab et elle utilise sa jambe avant. On a un peu le même style car on aime bien boxer en contre-attaque. Ça va se jouer à qui va imposer son style, son rythme et sa distance à l’autre, ça va être très tactique et mental, C’est la fille la plus solide que j’ai rencontrée jusqu’à aujourd’hui, le challenge le plus relevé de ma vie." Avant peut-être d’entamer le début du reste de sa vie.