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UFC 311: pourquoi la légende retraitée Khabib Nurmagomedov joue un rôle central

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Ancien champion à la retraite depuis 2020, Khabib Nurmagomedov sera au cœur de l'UFC 311, ce week-end, à Los Angeles (en direct à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 1) en coachant deux combattants des deux chocs pour une ceinture, Islam Makhachev et son cousin Umar Nurmagomedov. Un rôle repris après le décès de son père Abdulmanap et rempli sans réelle envie mais avec devoir et sens du sacrifice. 

Il ne montera pas dans la cage de l’UFC 311. Mais son ombre planera dans l’Intuit Dome de Los Angeles du début à la fin de la carte. La légende Khabib Nurmagomedov coachera trois combattants ce week-end lors du premier événement numéroté de l’année de la plus grande organisation de MMA de la planète. "The Eagle" sera au bord de cage pour le premier combat, où il tentera de mener Tagir Ulanbekov à une victoire contre Clayton Carpenter qui pourrait lui ouvrir les portes. 

Avant de revenir quelques heures plus tard pour les deux derniers rendez-vous de la soirée : son cousin invaincu, Umar Nurmagomedov, qui cherchera à détrôner le champion des -61 kilos, Merab Dvalishvili, et son grand pote, Islam Makhachev, qui défendra pour la quatrième fois sa ceinture des -70 kilos face au Brésilien Renaro Moicano, tombeur de Benoît Saint Denis lors du dernier UFC Paris qui remplace l'Arménien Arman Tsarukyan, forfait de dernière minute pour une blessure au dos. 

Devenu coach contre sa volonté

Ancien champion dans la même catégorie, où il avait défendu son titre à trois reprises, celui qui a quitté la compétition en 2020 avec un bilan immaculé de 29-0 et le statut de numéro 1 toutes catégories confondues a déjà remporté une ceinture UFC en tant que coach (Makhachev en 2022) et peut en ajouter une deuxième à son CV d’entraîneur et dans la famille Nurmagomedov. Le tout dans un rôle… qu’il n’aime pas. Khabib n’est pas devenu coach par choix. C’est un drame de la vie qui l’a poussé à prendre ce chemin. 

Parti à la retraite en 2020 peu après le décès de son père Abdulmanap (suite à un COVID-19), qui l’avait mené au titre et formé toute sa bande de combattants, Khabib a immédiatement endossé la cape de coach de son paternel pour terminer le "plan" de ce dernier. Il fallait le faire, question de responsabilité. Mais il n’en avait pas vraiment envie.

"Quand son père est décédé, il ne voulait plus rien faire dans le MMA, cette partie de son cœur était presque morte, raconte son agent de longue date Ali Abdelaziz dans un bel article pour ESPN. Et maintenant, tout lui rappelle son père partout où il va, chaque salle d’entraînement, chaque séance. Il doit devenir son père. Et il ne veut pas ça. Il préférerait que son père soit toujours là et qu’il puisse être derrière lui."

Il fallait remplacer la personne qui lui manque le plus. Pas facile dans la tête. Mais Khabib est un homme de devoir. Alors il a rempli la mission fixée par Abdulmanap de son vivant: voir Makhachev prendre la place de son fils sur le trône des -70 kilos, ce qui arrive en octobre 2022 avec une victoire sur Charles Oliveira à l’issue de laquelle il porte le nouveau champion sur ses épaules pour un tour d’honneur dans la cage. Avant de s’éloigner. 

"J’ai quitté toutes les choses liées au MMA"

Sa mission accomplie, Khabib a décidé d’arrêter d’être dans le coin du groupe de combattants hérité de son père. Priorité à sa famille au Daghestan, là où il se sent le mieux. La chose durera plus d’un an et demi. Dans l’intervalle, son cousin Usman prend la ceinture des -70 kilos de l’organisation Bellator et Makhachev défend deux fois celle de l’UFC contre Alexander Volkanovski, champion dans la catégorie inférieure. A l’issue du deuxième combat Makhachev-Volkanovski, Khabib confirme son choix sur Instagram : "J’ai quitté toutes les choses liées au MMA. Je vous demande d’accepter ma décision."

Mais il va changer d’avis. Il manque à ses combattants, habitués à s’entraîner avec lui depuis des années, et réalise que sa présence à leurs côtés est nécessaire. "Parfois, ce que tu penses être le meilleur s’avère faux, explique-t-il. C’était plus stressant d’être éloigné. Je veux être avec mes enfants mais je dois partager mais connaissances avec mes frères car quand j’étais sur le chemin de devenir champion, ils étaient là pour moi. Je dois être là pour eux."

"On a besoin de sa présence, confirme Javier Mendez, coach principal de l’American Kickboxing Academy, qui assiste toute la bande dans le coaching. Il est fait pour mener ces gars. Il leur manquait. Sa présence leur fait beaucoup de bien au moral." De retour pour la défense de titre victorieuse de Makhachev face à Dustin Poirier début juin 2024, Khabib a repris son rôle de guide d’une équipe qui a peu d’équivalent en termes de réussite dans le monde du MMA. 

De nombreux sacrifices dans la préparation

Une responsabilité qui demande des sacrifices, comme lorsqu’il doit passer plusieurs semaines à Las Vegas – qu’il n’aime pas – pour préparer ses combattants à l’UFC 311 au Performance Institute de l’organisation basée dans le Nevada. Il les fait car il sait qu’il faut en passer par là. Qu’ils sont à l’origine de cet incroyable bilan cumulé de 91-1 pour Makhachev, ses deux cousins et lui. Car on n'a jamais rien sans rien. 

"Les gens parlent de la discipline mais ce n'est pas assez. Si tu veux devenir le meilleur, il n'y a pas de famille. Si tu veux passer du temps avec ta famille et tes enfants, sois avec eux. Tu vas devenir le meilleur homme de famille possible et je ne suis pas contre les gens comme ça. Mais si tu veux devenir le meilleur dans ce business, tu dois faire des sacrifices. Sacrifier ton temps, ta santé, tout ce que tu as." 

Pour mener ses troupes, la superstar daghestanaise a repris le credo et les traditions d'entraînement de son père Abdulmanap. Sans oublier d'ajouter sa touche sur l'intensité : Makhachev raconte avec un sourire des rounds enchaînés de sparring en grappling de quinze minutes quand ils étaient de cinq avec papa Nurmagomedov. Mais tout le monde accepte son régime, conscient des bienfaits de profiter d'un tel coach et de ce qu'il manque avec sa famille pour les accompagner. Khabib leur donne des conseils sur leur carrière, les guide comme combattants mais aussi comme en hommes. 

Il a pris la suite de celui qui a fait tout ça pour lui. Et il continuera tant que ce groupe avec qui il a tant partagé aura des objectifs à aller chercher dans la cage. Avant de prendre un repos bien mérité (et très attendu) loin des lumières du MMA. "J'espère que ça arrivera vite car je suis fatigué de tout ça. On est au sommet de ce sport depuis sept-huit ans. On ne perd presque jamais alors qu'on a affronté tout le monde partout sur la planète. On a tellement de ceintures, de champions. Tous ces gars étaient avec mon père depuis le début. Quand ils arrêteront, ce sera mon tour." Coach de devoir, Khabib a encore des pages à ajouter à sa légende avant de dire enfin adieu au sport qui a fait de lui une légende.

HJ