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UFC: Qu'est-ce qu'on a le droit de faire, ou pas, dans un combat de MMA?

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Champion des lourds, Francis Ngannou défend sa ceinture le 22 janvier lors de l’événement UFC 270 à Anaheim (Californie) contre Ciryl Gane, qui tentera de devenir le premier combattant français champion dans la grande organisation de MMA (en direct et en exclusivité sur RMC Sport). L’occasion de revenir sur l’évolution réglementaire d’un sport qui a commencé avec de très rares interdictions mais a dû se structurer sur ce plan pour se crédibiliser. Tout n’est pas permis à l’UFC. Loin de là.

Une devise comme une provocation. Quand Art Davie et Rorion Gracie créent le premier événement UFC, en novembre 1993 dans le Colorado, leur slogan annonce la couleur: "Il n’y a pas de règles". A l’époque, le futur mastodonte du MMA, sport de combat qui mixe différentes disciplines (c'est marqué dans son nom, arts martiaux mixtes) et se pratique debout comme au sol, propose un tournoi en une seule soirée sans catégories de poids ni juges. Le port de gants n’est pas obligatoire, l’uniforme de bataille pas standardisé, et un combat ne peut se terminer que sur KO, soumission ou arrêt du coin (jeter la serviette). Mais tout n’est pas permis. Enfin presque. Seules trois règles sont en place: pas de morsure, pas de coups dans les parties intimes et pas de doigts dans les yeux volontaires pour appuyer le plus fort possible et faire mal!

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Pour le reste, open bar. On peut tirer les cheveux de l’adversaire, envoyer des coups de tête ou placer ses doigts dans la bouche ou le nez de l’adversaire et tirer. Le ton est donné… A l’UFC 2, les coups dans les parties intimes sont même réintroduits! Lors de l’UFC 4, en décembre 1994, Jason Fairn et Guy Mezger s’entendent pour interdire le tirage de cheveux. Logique, ils arborent tous les deux une queue de cheval. Mais dans le même événement, le combat entre Keith Hackney et Joe Son rappelle la nature violente du spectacle proposé: le premier lâche une série de sept coups de poing dans les parties intimes de son adversaire! De quoi nourrir les critiques.

Mis devant des images de l’UFC en 1996, le sénateur républicain de l’Arizona John McCain – futur candidat à la présidentielle américaine en 2008, battu par Barack Obama – entre en campagne pour faire interdire ce qu’il considère comme "des combats de coqs humains", un argument qui sera plus tard utilisé (la cage et les frappes au sol dans le viseur) par ceux qui ont tout fait pour retarder la légalisation des compétitions de MMA en France, à commencer par l’ancien président de la Fédération française de judo Jean-Luc Rougé. McCain demande alors aux gouverneurs des cinquante Etats américains d’interdire les événements UFC. Il sera suivi par trente-six d’entre eux. Pour survivre et se développer, les dirigeants de l’organisation vont donc devoir s’adapter.

A l’UFC 9, en mai 1996 dans le Michigan, les coups à la tête avec le poing fermé sont bannis pour un soir pour apaiser des autorités locales réticentes. Dès l’UFC 12, organisé dans l’Alabama en février 1997 après avoir vu les Etats de New York et de l’Oregon refuser de le sanctionner, des catégories de poids sont introduites – il y en a aujourd’hui huit chez les hommes et quatre chez les femmes – et mettre les doigts dans la bouche/le nez devient interdit. A l’UFC 14, en juillet 1997, toujours dans l’Alabama (certains Etats du sud des Etats-Unis et d’autres Etats plutôt ruraux étaient alors les seuls à accueillir l’UFC avec le Japon et le Brésil), les gants deviennent obligatoires et les coups de pied à la tête d’un adversaire au sol sont bannis.

A l’UFC 15, en octobre 1997 dans le Mississippi, on commence à limiter les tirages de cheveux et les coups à l’arrière de la tête, les coups de tête, la manipulation des petites articulations (tordre les doigts ou les orteils) et les coups dans les parties intimes sont interdits. A l’UFC Brazil, en octobre 1998 à Sao Paulo, le format tournoi est définitivement abandonné – il reviendra une fois pour une compétition entre combattants locaux à l’UFC Japan en novembre 1999 à Tokyo – au profit de combats simples, dont le premier exemple avait eu lieu à l’UFC 5 avec le "Superfight" entre le triple champion Royce Gracie et son rival Ken Shamrock.

A l’UFC 21, en juillet 1999 dans l’Iowa, les rounds de cinq minutes sont introduits (ils existaient lors de l’UFC 1 mais avaient été abandonnés dès l’UFC 2 pour des combats sans limite de temps, une limite de 30 minutes avait été mise en place lors de l’UFC 5 puis modifiée à la baisse dans les événements suivants) ainsi qu’un système de jugement similaire à la boxe. Pour se crédibiliser et pouvoir étendre ses possibilités de lieux d’organisation, l’UFC se structure peu à peu. Un mouvement mené par le dirigeant de l’UFC Jeff Blatnick, l’arbitre John McCarthy et le "matchmarker" (celui qui décide qui affronte qui) Joe Silva qui vont écrire un manuel de règles et procédures qui va déboucher sur ce qui va tout changer: la mise en place des règles unifiées du MMA.

Les voyages de Blatnick et MacCarthy à travers les Etats-Unis pour éduquer les commissions athlétiques à leur sport et les convaincre de lui laisser une chance vont finir par payer. En avril 2000, la commission de Californie vote en faveur de ce qui ressemble aux futures règles unifiées du MMA, mais cette décision est rendue caduque lors du son passage au Capitole californien car cette discipline est jugée comme hors juridiction pour ladite commission athlétique. En septembre 2000, c’est au tour de la commission du New Jersey de permettre aux promoteurs de MMA d’organiser des événements dans cet Etat sur cette base pour une période d’observation devant permettre d’établir des règles régulant ce sport.

Mal en point financièrement après avoir rencontré tant d’obstacles à son développement, l’UFC en profite pour accepter la proposition d’un certain Donald Trump de l’accueillir dans son Taj Mahal à Atlantic City, une première fois en novembre 2000 pour l’UFC 28 – premier événement interdisant les coups de genou à la tête d’un adversaire au sol, les coups de coude sur la colonne vertébrale et les coups de poings à l’arrière de la tête et du cou – avant d’y revenir en février 2001 pour l’UFC 30 et en mai 2001 pour l’UFC 31, événement qui verra la mise en place de beaucoup des catégories à leur poids actuel.

Entretemps, début avril 2001, la commission athlétique du New Jersey tient une grande réunion où elle se met d’accord avec différentes parties – autres commissions, promoteurs, etc – et en sort un ensemble de règles qui serviront de base pour uniformiser la chose à travers le pays via les différentes commissions athlétiques et ouvriront l’UFC à de nouveaux horizons, à l’image de son premier événement à Las Vegas (son futur camp de base) en septembre 2001 pour l’UFC 33. Ces règles unifiées seront définitivement adoptées par l’association des commissions de boxe, qui réunit les différentes commissions athlétiques américaines, en juillet 2009.

Si de petites évolutions ont eu lieu au fil du temps, plus de trente interdictions sont aujourd’hui en place. Tout n’est donc pas permis, loin de là, à l’UFC! Au programme? Outre les différents coups bannis depuis l’UFC 1 évoqués plus haut, il n’est entre autres pas permis de frapper vers le bas avec la pointe du coude, de frapper ou d’attraper la gorge, de pincer, de cracher, d’attraper la clavicule, de frapper le rein adverse avec le talon, de faire tomber un adversaire au sol sur le cou ou sur la tête, d’agripper le short de son rival, de s’accrocher à la cage ou encore de piétiner un adversaire au sol. Autant de choses qui peuvent vous valoir des points en moins voire une disqualification.

Ce qui permet de répondre à une dernière question pour les non-initiés : mais comment gagne-t-on les combats à l’UFC? Ils sont organisés en trois ou cinq rounds (cinq pour des combats pour le titre ou les combats principaux des événements) de cinq minutes, avec une minute de repos entre chaque, et peuvent se conclure sur une soumission, un KO, un arrêt de l’arbitre (TKO) ou une décision des juges, qui accordent chaque reprise à un combattant selon un système similaire à la boxe (10 points pour le vainqueur du round, 9 pour l’autre) pour permettre un calcul de points global sur le combat. En gros, si vous gagnez trois rounds sur cinq, sauf reprise à 10-8 ou déduction de points, vous l’emportez. A moins de régler l'affaire plus tôt.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport