Snow Volley: numéro 1 mondiale en 2022, l’équipe de France entame sa saison en Autriche

Iskander, comment se pratique le Snow Volley ?
Le Snow Volley se joue à trois, avec un remplaçant. Avec un passeur et deux attaquants, c’est la pratique du 3 contre 3 avec la technique du beach volley. Les ballons sont tapés et le block ne compte pas une touche.
Comment est née cette équipe de France ?
On se connaissait tous, de près ou de loin. J’ai connu Daniel Petrov au club d’Alès et il connaissait Nicolas Salmon. Je connaissais aussi Julien Saint-Vanne. Même si on a joué en club, on est tous issus du beach volley et du 3 contre 3 qui se joue sur toutes les plages françaises. Un soir autour d’un bon repas, Maxime Capet, un de nos amis, savait que la fédération française souhaitait monter une équipe de Snow Volley. La FFVB cherchait des représentants français sur le circuit international. Ça a trotté dans nos têtes et nous avons contacté la fédé. Aujourd’hui, on débute notre quatrième saison.

Les résultats ont été immédiats ?
Lors de notre premier tournoi, on a joué les numéros 1 mondiaux de l’époque, des Russes. On les a battu et fini quatrième de la compétition. On a terminé cinquième le tournoi suivant. Nous avons été numéro 1 en 2022. Avec les résultats, on s’est dit qu’il fallait s’investir un peu plus dans le projet. Et comme un effet boule de neige, la FFVB a maintenu son soutien avec le DTN-adjoint du volley, Bertrand Leys.
C’est facile de s’entraîner pour le Snow Volley ?
Si nous sommes disséminés aux quatre coins de la France, le Montpellier Beach club, où j’habite, croit à ce projet. Grâce à lui, nous disposons de 2 terrains de Beach couverts et 7 terrains en extérieur. Malgré l’éloignement, on se parle quasiment tous les jours et on programme quelques semaines en stage ici à Montpellier. Nous avons aussi une structure avec notre propre entraîneur, Stéphane Canet qui a représenté la France au beach volley lors des JO 2004 à Athènes, et un préparateur physique, Adrien Perchet.
Mais il n’y a pas de neige à Montpellier…
Non mais été comme hiver je m’entraîne sur le sable avec mes gants de compétition. Ils ont de petites accroches au bout des doigts. La fédération et son équipementier Errea gèrent nos besoins pour jouer sur la neige : aux pieds, on a des crampons moulés de foot, même si certains volleyeurs étrangers jouent avec des chaussures de randonnées. On évolue aussi en tournoi avec des sous-vêtements en lycra, un tour de cou, un bonnet et des lunettes de soleil.
La saison du Snow Volley a été retardée par le tremblement de terre en Turque qui devait accueillir fin février-début mars deux étapes du World Tour et une étape européenne. Votre préparation a-t-elle été bouleversée ?
Oui notre préparation a été chamboulée par ce séisme près du site de Snow, à Kahramanmaras. On a dû tout annuler deux jours avant notre regroupement, tous les quatre, à Montpellier. Alors de mon côté, j’ai pu m’entraîner avec la paire de Beach Canet-Rotar (champions du monde U19) qui travaille aussi avec notre coach Stéphane Canet. Mes autres copains se sont préparés aussi de leur côté en Beach ou en salle, selon leurs possibilités. On n’est pas particulièrement inquiet car on se connaît par coeur et on a des automatismes. On est à jour dans nos préparations physiques et nos prépas volley, donc je ne suis pas particulièrement inquiet. On verra comment on se situe par rapports aux autres favoris ce week-end, les Italiens, Autrichiens, Tchèques et Ukrainiens qui reviennent. On a fait une petite exhibition à Bardonecchia mais personne n’a vraiment fait de test cet hiver. Ce sera la première grosse compet.
Vous arrivez à gagner votre vie grâce au snow volley ?
Nous avons une activité professionnelle à côté et on s’entraîne sur nos temps libres. Pour ma part, je m’entraîne à 7h tous les matins avant mon travail. Daniel Petrov est ingénieur, je travaille dans le marketing digital, en télétravail, et Nicolas est commercial. Sinon, pour le snow, on organise nos périples. La FFVB nous accompagne financièrement mais on gère nos voyages, avions et hôtels. Avec le prize money des compétitions, on arrive à s’en sortir financièrement.
Sur vos réseaux, on peut voir que vous vivez aussi une sacrée aventure humaine …
On est une équipe d’amis. On a vécu des émotions fortes ensemble. Partir à trois ou quatre, selon les compétitions, c’est vraiment une aventure. Je me souviens d’un vol en montgolfière en Turquie, en Cappadoce. On a visité l’an dernier Kahramanmaras, l’épicentre du séisme en Turquie, et on nous avait parlé des risques sismiques. Tout a été dévasté, la ville, l’hôtel où nous étions. C’est un drame humain. Le sport est secondaire. Je me souviens aussi de ce bus que nous avons pris en Géorgie pour relier l’Arménie. L’autocar a pris feu car on était trop nombreux. Les freins ont chauffé et ont explosé. On a vécu des trucs de ouf, ensemble.
Le Snow Volley sera-t-il aux Jeux olympiques ?
Le Snow connaissait une belle dynamique ces dernières années mais la Covid a cassé ce cercle vertueux. La fédération internationale (FIVB) s’est d’abord focalisée sur la reprise du beach-volley avant que le Snow ne redémarre. En Italie, un des berceaux du Snow avec l’Autriche, Matteo Carlon a fait un gros travail pour redynamiser notre sport. On espère que le Snow sera en exhibition aux JO 2026 pour une place aux JO de 2030. La saison aurait dû repartir fin février avec deux étapes du World Tour et une autre étape du CEV European Tour mais le séisme près de Kahramanmaras, où nous devions jouer, a tout détruit. On nous avait dit de nous tenir prêt pour les JO de Pékin, au cas où. Le Snow pourrait être présent aux Jeux mondiaux universitaires 2025 à Turin ce qui servirait de tremplin à une exhibition lors de Jeux olympiques 2026 à Milan-Cortina d'Ampezzo et avoir une place définitive aux JO de 2030. On pousse tous en ce sens.