Assoumani, le Pistorius français

Arnaud Assoumani est à 30 centimètres des minima pour les JO valides - -
« Je suis né sans avant-bras gauche. » Avec Arnaud Assoumani, le décor est vite planté. Champion paralympique de la longueur à Pékin avec un saut de 7m23, le protégé de Guy Ontanon n’a jamais caché son handicap. Né à Orsay (Essonne) et grandi à Angers, le garçon a longtemps fréquenté les valides. Son père basketteur et sa mère volleyeuse le mettent au basket, au tennis de table et à la natation. Objectif : lui éviter de prendre des coups. Mais très vite, l’adolescent commence à lorgner l’athlétisme. Au CSJB d’Angers, Guy Gonzales le prend sous son aile et le met à la longueur.
A 18 ans, il passe les 7 mètres et décroche sa place aux Jeux Paralympiques d’Athènes. Un saut à 6,91m lui permet de décrocher une médaille couleur de bronze. Des douleurs dorsales l’empêchent de faire mieux. Les premières d’une longue série de pépins physiques (dos, genou) jusqu’à 2007 et sa rencontre avec le Team Lagardère et Guy Ontanon à l’INSEP. A Pékin, il s’impose dans la catégorie F46 (un membre supérieur amputé) en établissant un nouveau record paralympique (7m23). Avec l’ex-entraîneur de Christine Aron, Ronald Pognon et Muriel Hurtis, Assoumani s’entraîne avec les valides. Libéré de ses blessures, il ne cesse d’améliorer sa marque. En 2010, il bat son propre record du monde en 7m82, porté depuis à 7m91.
Il fait customiser sa prothèse par les internautes
A l’image du sprinteur sud-africain, Oscar Pistorius, l’idée folle de doubler les Jeux Paralympiques et Olympiques à Londres a germé avec ses résultats en flèche. Pour y être, il faudra réaliser les minimas de la FFA (8m20), soit 30 centimètres de plus que son record. « C’est un rêve de gosse que j’ai toujours eu mais depuis que je suis libéré des blessures, c’est devenu quelque chose de sérieux. » A l’INSEP, il compense son handicap grâce à une prothèse mise au point spécialement pour lui. Il peut régulièrement augmenter la charge en réglant le poids selon l’état de fatigue. « Le bras manquant engendre des déséquilibres musculaires mais aussi de postures dans la course ou dans la phase de suspension, explique Ontanon. On a essayé de l’intégrer aux valides en travaillant sur son handicap. »
Ambitieux, l’athlète de 26 ans est aussi décomplexé. Sur une vidéo, on le voit actuellement inviter les internautes à customiser son Golden Arm. Londres, aux côtés de Mitchell Watt, Dwight Philips ou encore Irving Saladino, les meilleurs sauteurs en longueur de la planète ? Son entourage y croit. « S’il saute régulièrement autour de 7m70, il peut décrocher sa qualification », assure Ontanon. « Si je suis à 100% de mes moyens, je peux le faire », jure Assoumani.