Athlétisme: Kevin Mayer à la Réunion pour voir Tokyo 2021

La dernière fois que Kevin Mayer a validé les dix épreuves d’un décathlon, c’était un après-midi de rêve. Le 16 septembre 2018, le Drômois avait les larmes aux yeux et devenait recordman du monde de sa discipline avec un total hallucinant de 9.126 points. Mais c’était il y a deux ans déjà. "C’est sûr que la sensation de finir un décathlon me manque…. Les deux ou trois semaines qui suivent, tu es sur ton petit nuage quel que soit le résultat", avoue Mayer. Et s’il n’a pas ressenti cette plénitude depuis 2018, c’est que le corps de Mayer a lâché sans cesse. Une pointe au mollet, un ischio qui tire, un tendon d’Achille meurtri… le paroxysme de cette fragilité est arrivée au plus mauvais moment, à Doha en octobre 2019, lors des championnats du Monde d’athlétisme. Abandon, en pleurs, lors de la perche, alors qu’il était en tête du décathlon. "Il y a des frayeurs c’est sûr, encore plus depuis Doha. Mais quand on est tranquille avec soi, qu’on donne le meilleur, ça va. S’il y a un pépin ce weekend, je tenterai les minima ailleurs", résume-t-il.
8.350 points, une formalité pour Kevin Mayer?
L’objectif est simple, marquer 8.350 points. Pour Kevin Mayer, cela paraît simple: "On peut croire qu’il me suffit d’être à 80% pour réussir ce score. Mais dans un décathlon, il y a toujours une épreuve qui se passe moins bien… et je vais devoir être à 100%. Mais il n’est pas question de viser le record du monde." Pour se sentir bien, Mayer a changé beaucoup de choses. Et notamment sa structure d’entraînement. Bertrand Valcin, son coach historique, a pris du recul. Jérôme Simian, son préparateur physique, a pris de l’ampleur et Alexandre Bonacorsi est devenu son analyste de données, son statisticien personnel. Ce dernier est confiant: "La forme est là. Il y a toujours de la pression mais il progresse bien et se sent beaucoup mieux à la longueur et à la hauteur, il n’a plus de gêne."
Mayer, le meilleur à la longueur et sur les haies, les frayeurs à la perche
Pour inscrire ces fameux 8.350 points, Kevin Mayer ne se mettra pas dans le rouge. "L’objectif c’est de ne pas tirer sur la corde, et préparer le vrai objectif, les Jeux", prévient Alexandre Bonacorsi. Mais Kevin Mayer ne visera pas une moyenne de 835 points par épreuve, "trop dangereux!" selon le coach. Le vice-champion olympique s’appuiera sur ses points forts, la longueur et les haies. Mais pas forcément le saut à la perche, où Kevin Mayer ressent encore de l’anxiété à s’élancer dans le vide. Ce sera un tournant capital ce weekend.
La Réunion futur camp de base hivernal avant les Jeux de Paris 2024?
Kevin Mayer a voulu se préparer dans la sérénité dans un lieu qu’il affectionne particulièrement, l'Ile de la Réunion. "Je me sens bien. Je m’entraîne, je vais nager toute la journée dans la mer, ou à la rivière. Je connais bien l’Ile, les gens sont cools, les installations parfaites. Je ne suis pas dans un pays de l’est où il n’y a rien à faire (rires)!" Mayer, accueilli en star par toute l’Ile de la Réunion, a même fédéré tout l’athlé français derrière lui.
Le meeting de la Réunion des épreuves combinées a été créé uniquement pour lui, pour sa qualification aux Jeux de Tokyo. Tous les combinards l’ont suivi en stage, même les lanceurs, Alexandra Tavernier et Mélina Robert-Michon en tête. "Kevin m’a dit, viens avec nous si tu veux un stage en décembre", avoue la lanceuse de disque. Le président de la Fédération Française d’Athlétisme, André Giraud, marqué par la qualité de réactivité des organisateurs locaux, et les retours positifs de tous les Bleus, pense même à la Réunion pour être lieu de stage hivernal avant les Jeux olympiques de Paris 2024.