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Bolt : « Je veux être une légende »

Usain Bolt

Usain Bolt - -

Le recordman du monde des 100m et 200m sera la star du meeting Areva, vendredi soir au Stade de France. Dans un emploi du temps parisien surchargé, « Lightning Bolt » a pris quelques minutes pour répondre aux questions de RMC Sport.

Le fait d’être à Paris est-il toujours magique pour vous ?
Oui, c’est génial de courir ici. La foule, la piste, j’adore tout ! Et puis les gens me soutiennent, j’ai toujours envie de faire de grosses performances au Stade de France. Tant que je le pourrai, que je ne serai pas blessé, je viendrai. 

Pour un amateur de football comme vous, évoluer au Stade de France, là où les Bleus ont été sacrés champions du monde en 1998, doit avoir un parfum particulier… Voulez-vous y laisser une trace, vous aussi ? Un record du monde, par exemple ?
Je suis toujours guidé par les grandes performances. Mon but, c’est de repousser mes limites, aller jusqu’au bout, faire le « business » du mieux possible, le plus proprement, pour donner du plaisir aux spectateurs, à tout le monde.

C’est la troisième fois que vous participez au meeting, mais la première sur 200m, votre course de prédilection, dont vous détenez également le record du monde (19’’19, ndlr)…
En effet, c’est ma distance préférée. Celle sur laquelle j’ai travaillé le plus pour acquérir une technique. Je l’ai un peu perdue ces derniers temps, notamment dans les virages. Et je vais faire tout mon possible pour revenir à mon meilleur niveau d’ici aux championnats du monde (fin août en Corée du Sud, ndlr). C’est tout ce qui m’importe aujourd’hui.

Vous allez retrouver ce vendredi le Français Christophe Lemaitre, qui progresse à pas de géants ces derniers mois. Que pensez-vous de lui ?
Il a prouvé qu’il avait beaucoup progressé, absolument. Il travaille dur, il est concentré sur son boulot et réalise de supers chronos. Il mérite ce qui lui arrive. Il va être l’un des meilleurs du monde, j’en suis sûr. Il a montré son talent, sa volonté, son courage aussi. Je garde toujours un œil sur lui. Pour tous les efforts qu’il fait, il mérite d’être parmi les grands.

Il est timide, sensible. Une sorte d’ « anti-Bolt », en quelque sorte…
C’est surtout qu’il est dans sa bulle. Il n’a pas encore l’habitude de la pression. Vous savez, pour un jeune qui grandit, c’est dur. Les gens pourraient vite lui dire : « Tiens, tu n’es pas concentré, tu n’es pas prêt pour le haut niveau… ». Il veut éviter ça. Il a besoin de calme pour continuer à prendre du plaisir dans sa discipline. Bien sûr qu’on a deux personnalités très différentes. Il porte un peu le poids de la France sur les épaules, c’est difficile pour lui. Vous, les médias, vous lui mettez une grosse pression. Mais il a bien bossé jusqu’à présent. Il doit continuer comme ça, rester concentré, prendre du plaisir. Il ne gagnera pas tout le temps, il n’ira pas vite en permanence, il sera blessé parfois, mais il doit penser à lui avant tout. Et le reste viendra tout seul.

« Ce que j’ai apporté, c’est ma personnalité, c’est l’émotion »

Est-ce facile pour vous de rester spontané avec tous ces voyages, ces sollicitations ?
Ça fait partie de moi-même. Ça va, ça vient. Parfois je ne me sens pas bien, mais j’essaie toujours de faire en sorte que les gens passent un bon moment, s’amusent. Mais je suis humain, après tout (sourire). Ceci étant, ma vraie nature, c’est de faire le clown, de m’amuser et de donner du bon temps aux gens.

Sur votre seul nom, vous pouvez remplir un stade entier. C’est une sacrée responsabilité…
C’est vrai (rire) ! Mais j’essaie de ne pas trop y penser. L’essentiel pour moi, c’est la performance, le fait que les gens soient heureux de me voir sur la piste. Je dois donner mon meilleur en toute circonstance.

Vous avez fait entrer l’athlétisme dans le 21e siècle. Le show, les records, vous avez bouleversé beaucoup de choses…
Pour les records, je pense que c’est dû à un peu tout le monde sur la piste. Les gars travaillent dur, le niveau s’élève... tout le monde est concerné, en fait. En revanche, ce que j’ai apporté, c’est ma personnalité, c’est l’émotion. Le fait que les gens aiment venir me voir, le côté « show-man ». Je veux être une légende, mais avant tout pour mes performances. Et cela passe par une victoire vendredi, puis par la défense de mes titres mondiaux en Corée. 

Propos recueillis par J.F.P.