RMC Sport

Lemaitre : le changement, c’est pour maintenant ?

Christophe Lemaitre

Christophe Lemaitre - -

Peu convaincant lors de ses premières sorties hivernales, le sprinteur devra s’employer, surtout sur 60m, pour conserver ses couronnes ce week-end aux Championnats de France en salle, à Aubière. Pierre Carraz, son entraineur, analyse sa difficile remise en route après les JO de Londres.

« Je n’ai pas retrouvé mes repères. » Sept mois après des Jeux de Londres en demi-teinte, c’est un Christophe Lemaitre dans l’expectative qui se présente aux Championnats de France. Trois courses en quatre jours sur 60m avec un chrono bloqué à 6’’64, à Gand, loin de son record personnel (6’’55), établi en 2010, et un 200m correct à Val de Reuil (20’’91). « Je ne suis pas encore à mon niveau, je n’ai pas atteint mon pic de forme », admet l’Aixois de 22 ans. Un état d’impréparation qui tranche avec Jimmy Vicaut, auteur d’un 6’’53 à Mondeville, début février. Le médaillé de bronze aux derniers Mondiaux en salle s’installe comme un rival sérieux. « Il est en pleine bourre », reconnait Lemaitre. Si sur 200m l’élève de Pierre Carraz devrait conserver son bien à Aubière, rien ne dit qu’il en sera de même sur 60m. Le clash est attendu, et la couronne pourrait changer de tête.

« On est déçu par les performances, surtout sur 60m, admet l’entraineur, mais on a fait de la salle pour travailler. » Le champion d’Europe a prévu une saison hivernale ramassée avec quatre sorties en dix jours. A l’opposé de Vicaut qui aura couru tout le mois de février avec les « Europe » à Göteborg (1er-3 mars) en point d’orgue. « Jimmy est taillé pour l’hiver, il a un bon départ, il est puissant, décrit Carraz. Christophe n’est pas un homme d’hiver. » Le coach a programmé des courses indoor pour « s’éveiller, se mettre dans le rythme ». Ses 20’’91 à Val de Reuil ? « Pas exceptionnel », tranche Carraz.
Son poulain reconnait qu’en stage à Monte-Gordo en janvier, au Portugal, il n’a pas travaillé l’hiver. Les deux hommes ont buché les départs et ses fameux 100m qui l’empêchent de rester durablement sous les 10’’ et sous les 20’’. « On a modifié des choses, on verra au printemps. Après les France, rideau, on retravaille », annonce Carraz. Fin avril, le club prendra la direction des Penn Relays à Philadelphie, aux Etats-Unis. Lemaitre effectuera ses premières foulées sur l'Hexagone lors des Interclubs en mai.

Carraz : « Il a pris un ou deux kilos »

Après Daegu et sa 3e place mondiale sur 200m, Lemaitre a passé la vitesse supérieure. Mais sa légèreté dans la préparation avait été pointée du doigt à l’issue de la saison 2012. « Il est plus sérieux à l’entrainement », assure le coach. Musculation. « Il a pris un ou deux kilos », dit Carraz. Sur 200m, « il a augmenté sa résistance ». L’hiver dernier, il a abandonné ses études à l’IUT. Trop compliqué de mener les deux de front. Plus d’excuse. Le sprinteur s’est aussi mis à l’anglais. La récupération ? « Léger mieux, il a des kinés, les thermes d’Aix, mais ce n’est pas son truc », concède Carraz.
Coté diététique en revanche, c’est toujours le zéro pointé. « Il ne mange que des pâtes, du riz et de la viande, se lamente son entraineur. Pas un fruit, pas un légume…, il a des carences en vitamines, alors il attrape tout ce qui traine. » Comme ce début de pneumonie au Portugal. Après les « France », le sprinteur a rendez-vous chez son médecin. « On va s’occuper de ça », promet Carraz. A temps pour les Mondiaux de Moscou (13-18 aout), son objectif déclaré ? « On regardera les résultats cet été », lance Carraz. Toujours confiant dans le potentiel de son protégé ? « Il n’a pas tout montré. » Avant de glisser : « Je le connais, enfin je crois le connaitre… »

Le titre de l'encadré ici

Lavillenie dans son jardin |||

Le champion olympique sera à domicile ce week-end à Aubière, qui accueille les championnats de France en salle. Après un début de saison très réussi, Renaud Lavillenie visera un quatrième titre de champion de France d'affilée, et pourquoi pas améliorer sa meilleure performance mondiale (5m92)... « L’objectif ce week-end c’est déjà de gagner et de franchir encore une fois 5m80. De continuer sur cette régularité. Et de titiller ma meilleure perf mondiale voir plus. C’est toujours difficile de prédire à l’avance, mais j’ai fait des bonnes séances, je suis en forme et il n’y a pas de raisons que je ne puisse pas au moins m’y attaquer. » Le concours du saut à la perche masculin débute dimanche à 14h30. Ce pourrait être le point d'orgue des championnats, puisque cinq perchistes ont déjà réalisé les minima pour les championnats d’Europe indoor de Göteborg (1er-3 mars): Renaud Lavillenie, Romain Mesnil, Jérôme Clavier, Emile Denecker, et Stanley Joseph. Or, la FFA, qui compte emmener une trentaine d'athlètes en Suède, n'en sélectionnera pas plus de trois par discipline... N.P.

Louis Chenaille (N.P.)