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Darien retombe sur ses pattes

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Médaillé d’argent du 110 mètres haies, vendredi soir, Garfield Darien est la bonne surprise des championnats d’Europe. Vu très tôt comme un surdoué, le Lyonnais confirme enfin au plus haut niveau.

Garfield Darien est un homme ambitieux. A l’arrivée de la finale du 110 mètres haies qui l’a vu décrocher la médaille d’argent des championnats d’Europe, le Lyonnais n’avait pas la mine réjouie sur la piste de Barcelone. La faute au Britannique Andy Turner, qui l’a devancé et qu’il considérait prenable. Mais la frustration a rapidement été évacuée au profit d'une joie libératrice, celle de deux années de disette à ronger son frein entre hôpitaux et salles de soin. « Je suis super content. Je bats mon record personnel sur une course comme celle-là. Je me suis accroché pour cette médaille », se réjouissait enfin le Rhodanien, 23 ans en décembre.

Garfield Darien est entré dans la cour des grands. Il a toujours été attendu comme la relève aux glorieux hurdlers français. On chuchotait son nom après sa place de finaliste des Mondiaux juniors en 2004, alors qu’il était encore cadet. On le bombardait franchement grand espoir après son titre de champion d’Europe juniors un an plus tard.

Double fracture des vertèbres

L’ascension du prodige, entraîné par son père Daniel –lui aussi hurdler dans les années 80– a été stoppée nette après une fracture des vertèbres. Il mettra deux saisons, entre 2006 et 2007, à s’en remettre. Darien revient doucement en 2008 avec un timide mais prometteur 13’50’’.

Pas du genre à baisser les bras, il s’accroche et reprend sa route vers les sommets en 2009 : il bat son record personnel (13’36), qu’il a abaissé de deux centièmes vendredi et accroche une place de demi-finaliste aux Mondiaux.

En dehors de deux alertes aux ischio-jambiers, qui lui font tout de même manquer les championnats du monde en salle et les championnats de France, Darien peut enfin effectuer une préparation complète en 2010. Sa deuxième place est bien « une concrétisation », comme il le dit dans un joli sourire. « Le niveau est très dense. C’est toute l’équipe de France qui a ouvert une porte. Je n’ai fait que m’y engouffrer. J’ai voulu suivre le wagon. J’avais envie de faire aussi bien. »

Finalement, seul un saut de sabot, avant les demi-finales, est venu perturber ses championnats d’Europe. Bien obligé de se raser la tête, c’était peut-être le prix à payer.

Paul Basse