RMC Sport

"Honte d'être belge"... L'incroyable conflit entre la Fédé et la légende de l'heptathlon Thiam, contrainte d'abandonner au Mondiaux d'athlétisme

placeholder video
Pas au niveau physique et mental, la Belge Nafissatou Thiam a abandonné ce samedi à l'issue des la cinquième des sept épreuves de l'heptathlon des Championnats du monde d'athlétisme de Tokyo. Une faillite sportive qui marque l'apogée d'un conflit ouvert entre l'athlète et sa fédération, sur fond d'accord commercial autour des droits à l'image.

"J'ai honte d’être Belge", a clamé Michael Van der Plaetsen, coach de Nafissatou Thiam, heptathlonienne belge contrainte d'abandonner ce samedi à deux épreuves de la fin lors des Mondiaux d'athlétisme de Tokyo. Alors que la triple championne olympique visait le record d'Europe de la discipline, rien ne s'est passé comme prévu depuis vendredi. Très en dessous de son niveau, la légende de sa discipline avait la tête ailleurs.

En cause: un conflit ouvert avec la Fédération belge d'athlétisme sur fond d'accord commercial autour des droits d'image. L'athlète estime avoir été lésée par rapport à ses compatriotes, ce que la Fédé réfute.

>> Suivez l'avant-dernier journée des Mondiaux d'athlétisme de Tokyo en direct

"C’est le brouillard dans ma tête, a confié la Belge de 31 ans devant les journalistes. J’ai sans cesse eu des pensées négatives que j’ai essayé de bloquer, rejeter et remplacer cela par du positif. Cela n’a pas marché. C’est comme s’il y avait un nuage noir qui m’avait suivi pendant toute cette compétition. Je n’ai pas su m’en débarrasser, c’est dur."

De son côté, son coach a été plus direct. "La Fédération est 100% responsable, a-t-il assuré. Nafi est une athlète qui a besoin d’être dans une bulle. Il faut la laisser se concentrer sur sa tâche, la laisse tranquille. Et il faut au moins essayer de la traiter avec respect. Pas faire un cirque dans les médias. On ne fait pas ça avec une athlète comme Nafi, pas avec les grands athlètes."

La Fédé "en a assez"

Les difficultés avaient débuté à quelques semaines du rendez-vous, quand Nafissatou Thiam avait refusé de signer un code de conduite imposé aux athlètes par la fédération belge en raison d'un désaccord avec les conditions de droits à l'image, l'athlète ayant des sponsors concurrents à ceux de Belgian Athletics. La fédération avait finalement cédé et sélectionné Thiam, tête d'affiche de l'athlé belge.

Une fois à Tokyo, Thiam avait affirmé qu'elle n'était pas traitée comme ses coéquipiers, affirmant que la fédération ne lui avait pas réservé de chambre à l'hôtel du camp de pré-compétition et qu'elle avait refusé d'accréditer son kiné.

"Nous avons les preuves écrites que ce qu’a dit Nafi Thiam est totalement faux, s'était alors insurgée Jessica Mayon, la présidente de Belgian Athletics. Elle n’a pas eu d’interdiction d’accéder au pré-camp. J’en ai assez. Dire qu’elle n’a pas de soutien, ça suffit."

Dans la foulée de l'annonce de l'abandon, la maman de Nafissatou Thiam a réagi sur ses réseaux sociaux. Danielle Denisty a une nouvelle fois chargé la Fédération belge. "On veut gâcher ses sponsors, la contraindre par la menace et le chantage, on parle de lui enlever son contrat d’élite et de la laisser sans emploi, a-t-elle déploré. On la laisse financer le voyage et l’hôtel de son kiné avec sa propre bourse sans la prévenir qu’on va l’empêcher de remplir ses fonctions, on l’insulte de menteuse dans la presse."

Et d'ajouter: "Si j’ai inscrit un jour ma fille de 7 ans dans un club d’athlé, ce n’est pas pour qu’elle se fasse insulter ni pour qu’elle subisse un quelconque chantage à la signature mais parce que je pensais que ce sport pouvait lui apporter un bonheur sain. Je ne laisserai personne continuer de la détruire. Qu’elle aille où le bonheur la mène, que ce soit encore sur les pistes ou même ailleurs."

TP