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Justin Gatlin: "C’est un honneur d’être comparé à Usain Bolt"

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A quatre mois des Mondiaux d’athlétisme de Londres (4-13 août), Justin Gatlin était l’invité exceptionnel de l’Intégrale Sport ce dimanche sur RMC. Le sprinteur américain de 35 ans s'est longuement confié sur ses objectifs, sa suspension pour dopage et bien sûr sur sa rivalité avec Usain Bolt.

« Vivre pour se battre, se battre pour vivre » est l’une des devises tatouées dans votre dos. On a le sentiment que plus vous vieillissez et plus vous avancez dans votre carrière…

C’est vrai que j’essaie de me battre au fil des ans. C’est ce que je donne sur la piste. Je veux être une meilleure personne, un meilleur athlète.

Pouvez-vous nous parler de votre préparation ?

J’essaie de la construire sur pas mal d’énergies. Ma vitesse bien sûr. Je travaille. J’essaie de trouver des bonnes courses pour me préparer et travailler mon départ.

Vous avez débuté votre saison ce samedi aux Florida Relays…

Oui, j’ai couru un 4x100m et un 4x200m. C’était juste pour prendre du plaisir avec les jeunes de mon groupe. L’ambiance est toujours géniale aux Florida Relays. Ça permet de voir les jeunes athlètes de high school et d’université. Il n’y avait pas vraiment de pression. C’était histoire de se remettre dans le bain.

Vous avez choisi de vous concentrer sur le 100m aux dépens du 200m cette saison. Pourquoi ce choix ?

L’année dernière, je me suis blessé à la cheville au printemps juste avant les Jeux olympiques de Rio. Ça a été quasiment une fracture. J’ai dû m’entraîner dessus. Ça a été un véritable cauchemar. Je me suis même surpris moi-même d’avoir réussi à courir l’an passé. Lorsque les demi-finales du 200m sont arrivées, mon corps n’a plus répondu. C’est pour cette raison que j’ai préféré me consacrer uniquement sur le 100m, pour être bien physiquement.

On sait que vous aimez l’artiste Drake. Cela va-t-il vous aider pour battre Usain Bolt l’été prochain aux Mondiaux ?

D’un point de vue musical, c’est vrai que Drake touche un grand public. Pas mal d’athlètes s’en inspirent. Moi j’essaie d’écouter ce type de groove, de rap. J’écoute aussi Jay-Z, Rick Ross ou Kendrick Lamar. Ça me motive avant mes courses.

Vous êtes un gagneur, un compétiteur. N’êtes-vous pas frustré d’être toujours comparé à Usain Bolt depuis des années ?

Non c’est même un honneur, surtout vu d’où je viens (il a été suspendu quatre ans pour dopage entre 2006 et 2010, ndlr). A mon retour, les gens m’avaient un peu oublié. Pour moi, c’est presque déjà une réussite d’être revenu à un si haut niveau, de pouvoir être dans tous les championnats et toutes les batailles avec Usain Bolt.

Auriez-vous pu être la star de l’athlétisme à place de Bolt si vous n’aviez pas eu vos affaires de dopage ?

C’est un grand « si ». C’est vrai que sans cette suspension, on aurait pu avoir des batailles encore plus épiques avec Usain dans ses années de gloires. Je n’ai pas de réponse. Je considère déjà que mon come-back a été génial. J’ai été courageux de revenir d’aussi loin. J’essaie d’inspirer la nouvelle génération, de rester clean. C’est important. Quand on est un compétiteur, affronter Usain Bolt est un véritable rêve.

Que répondez-vous à ceux qui affirment qui vous bénéficiez toujours des effets de certaines substances dopantes prises dans le passé ?

Ça n’a aucun sens selon moi. C’était il y a plus de dix ans. Quand je suis revenu en 2010, je courais en 10’’10-10’’12, j’ai fini la saison en 10’’06. J’ai mis 5-6 ans pour revenir au plus haut niveau. J’ai beaucoup travaillé. Je suis passé par des petits meetings. Les organisateurs ne voulaient plus de moi. Au fur et à mesure, j’ai dû regagner le respect de mes pairs. Quand je vois qu’Usain Bolt me respecte, la relation que j’ai avec lui avant ou après les courses, c’est la plus grande des satisfactions.

Vous aurez 38 ans aux JO 2020 de Tokyo. Vous y participerez ?

D’une façon ou d’une autre, j’y serai.