L’Afrique du Sud, comme un seul homme derrière Semenya

Les rumeurs mettant en question la féminité de Caster Semenya, la toute nouvelle championne du monde sud-africaine du 800m, âgée de 18 ans, n’a pas manqué de dresser l’Afrique du Sud comme un seul homme derrière son athlète. Face aux doutes qui planent sur l’authenticité – naturelle ou trafiquée – du caractère féminin de Semenya, soupçonnée d’être hermaphrodite, les témoignages de soutien ont afflué.
En attendant les résultats des tests de féminité menés par l’IAAF, l’Afrique du Sud n’a parlé que d’une seule voix. « Je sais que c’est une femme, a déclaré Samson Ngoepe, son compatriote et spécialiste du 800m masculin. On ne peut faire confiance à personne. Peut-être les gens sont-ils jaloux. Tout le monde est heureux de ce qu’elle a fait parce qu’elle a vraiment bien couru. »
Même son de cloche en provenance des dirigeants de la Fédération sud-africaine d’athlétisme. « Les médias ont essayé de mettre une grosse pression, a ainsi affirmé le président Leonard Chuene. Mais nous continuons à la supporter parce que je crois qu’elle n’a pas commis d’acte criminel. Elle n’a pris aucune substance pour améliorer ses performances. [-] Je n’ai jamais vu une personne être montrée du doigt sur la base d’un look ou d’un comportement naturel. Elle est désormais au sommet du monde. »
Sur le toit de l’Olympe du sport sud-africain, c’est ainsi que la considère également le parti au pouvoir dans son pays. Le Congrès national africain (ANC) est venu jeudi à la rescousse de son athlète. Dans un communiqué adressé à la population, l’ANC appelle « à faire bloc derrière notre fille en or, et de balayer les questions négatives et injustifiées au sujet de son sexe. » Et de poursuivre : « Caster n'est pas la seule athlète féminine avec une morphologie masculine, et la Fédération internationale devrait le savoir ».
Effectivement. En 2006, aux Jeux asiatiques, l’Indienne Santhi Soundarajan s’est vue retirer sa médaille d’argent sur 800m, après s’être révélée être un homme à l’issue des tests sur ses hormones sexuelles. L’Indienne n’ayant pas été jugé coupable de dopage, elle n’a pas été sanctionnée. La présence de manipulation génétique avait par contre éclaté au grand jour au début des années 90 avec les aveux d’Heidi Krieger, lanceuse de poids est allemande. La prise d’anabolisants avait transformé le corps de la championne d’Europe 1986. Les tests de féminité existent depuis les Jeux de Mexico en 1968. Aux derniers Jeux de Pekin, la méthode utilisée nécessitait trois jours pour les résultats préliminaires et une semaine pour les conclusions. En attendant, l’Afrique du Sud a fait de la défense de Caster Semenya une affaire d’Etat.