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Lavillenie, le bronze amer

Toute la déception de Renaud Lavillenie, 3e du concours à la perche à Daegu

Toute la déception de Renaud Lavillenie, 3e du concours à la perche à Daegu - -

Le perchiste français a offert lundi à la France sa première médaille de ces Championnats du monde à Daegu. Mais alors que toutes les conditions étaient réunies pour que ce soit de l'or, il a dû se contenter du bronze, comme à Berlin il y a deux ans.

Les Français ne savent décidément pas répondre au destin quand ce dernier leur tend la main. A l’image de Christophe Lemaitre (4e du 100 m) qui n’a pas capitalisé sur la disqualification d’Usain Bolt, le perchiste Renaud Lavillenie n’est pas parvenu à tirer profit lundi de l’absence du Champion olympique et Champion du monde Steven Hooker, éliminé l’avant-veille en qualification. Le Français a certes apporté à la France sa première breloque, mais cette consolation comptable ne brille que d’un tout petit feu. Idéalement placé après deux tentatives propres à 5,65 m et 5,85 m, le Champion d’Europe a loupé ses trois essais à 5,90 m. Une contre-performance pour celui que Hooker donnait favori. Troisième donc, derrière le Polonais Pawel Wojciechowski, sacré Champion du monde avec un saut à 5,90 m, et le Cubain Lazaro Borges (5,90 m). Pour la petite histoire, Wojciechowski a bien failli ne jamais voir la finale. Samedi matin, jour des qualifications, l'athlète de 22 ans a eu une panne de réveil. Il a réussi à attraper en catastrophe le dernier bus pour arriver au stade alors que l'épreuve était sur le point de débuter. Il a sauté sans même s'être échauffé, a réussi 5,50 m... Tout juste suffisant pour être repêché pour la finale.

Pour Lavillenie, c’est une deuxième médaille de bronze en Championnats du monde après celle de Berlin, en 2009. Mais autant le résultat il y a deux ans, complété par l’argent de Romain Mesnil, annonçait des lendemains prometteurs pour un athlète qui effectuait sa première saison chez les seniors, autant à Daegu, l’heure est à la déception. « La médaille ? Je la savourerais, si je la savoure, demain (mardi). Elle n’a pas du tout la même saveur, a reconnu Lavillenie. A Berlin, j’étais un petit peu moins bien préparé. Là, j’étais vraiment prêt, j’étais vraiment fort. Je ne fais pas réellement de grosses fautes techniques. Ce n’est pas la médaille qui me déplaît le plus. C’est plutôt la performance. Un Championnat du monde, ça ne se joue à rien. Ça se joue sur un concours, pas sur dix. »

« Renaud a bien réagit à la première attaque de Borges (à 5,85 m). Il lui manque 10 cm sur une course d’élan de 45 m…, et il se trouve trop près pour esquiver la barre », analyse son entraîneur Damien Inocencio. Un faux-pas d’autant plus étonnant que le meilleur performeur mondial (5,90 m) se disait pleinement confiant avant son concours en Corée du Sud. « J’ai connu la pression il y a deux ans. J’assimile mieux maintenant les grands rendez-vous. Je viens faire ce que je sais faire en me faisant plaisir », nous déclarait-il avant d'embarquer pour l'Asie. Pour son entraîneur, le hic provient de la préparation. « On n’a pas pu effectuer les petits réglages qu’on fait habituellement en meeting, en raison de la météo. »

Toujours pas de Français Champion du monde

Le licencié du Clermont Athlétisme Auvergne n’a pas non plus comblé le trou béant qui fait défaut à la perche tricolore en devenant le premier Français Champion du monde. Membre de la confrérie très fermée des athlètes ayant sauté au-delà des six mètres mythiques (6,01m ; 6,03m en indoor), Lavillenie va devoir se remobiliser en vue des Jeux de Londres, prochain rendez-vous planétaire. « On va tout faire pour être à leur place dans un an », jure Inocencio. A écouter son frère Valentin (20 ans, également perchiste), le perchiste Français va vite se remettre en selle. « C’est sûr, on espérait l’or, on voulait entendre La Marseillaise, on est un peu déçu, mais il va répondre présent très vite. Il ne jouait pas sa vie à Daegu, il sera présent l’an prochain à Londres. »