Le chef d’œuvre du maitre

Christophe Lemaitre - -
Appelez le Christophe « Top Gun » Lemaitre ! Après avoir envoyé un scud sur le 100 mètres (10’’11), il a utilisé un missile à tête chercheuse pour détruire Christian Malcolm à un souffle d’un or qu’il tenait depuis le départ du 200 mètres. Lui aussi a été vaporisé par Lemaitre qui l’a laissé au rayon des regrets éternels dans un cassé du buste foudroyant : « J’ai failli faire un plongeon », rigolait l’élève de Pierre Carraz à l’arrivée. Mais quelle réaction chimique mystérieuse s’active dans le corps de Christophe Lemaitre lorsque le virage est passé ? Quatrième à 100 mètres du but, ses soupapes s’ouvrent et il part à la poursuite d’un Christian Malcolm qui ne semble rien lui concéder. A 2 mètres de l’arrivée, le Britannique est encore virtuel champion d’Europe avant que l’Aixois le plante d’un centième (20’’37) : « C’était une grosse surprise à l’arrivée. Je ne pensais pas le devancer », a reconnu Lemaitre qui a signé le premier doublé 100-200 de l’histoire de l’athlétisme tricolore au terme d’une ligne droite qui restera dans la légende, au même titre que celle de Christine Arron à Budapest en 1998. Comme sur 100m, mercredi, il a aspiré Martial Mbandjock dans ses pas. L’élève de John Smith à Los Angeles enlève sa deuxième médaille de bronze (20’’42) de ces championnats. Avec eux, le relais français du 4x100m a un tapis d’or sous les pieds qui pourrait se dérouler dimanche. En cas de victoire, Lemaitre réaliserait un incroyable triplé.
Mission kamikaze réussie pour Diniz
Pourtant, tout avait commencé par le plus lent. Mais le plus rapide des lents : Yohann Diniz, maitre marcheur. Comme les autres athlètes de l’équipe de France, le postier champenois est parti à l’assaut. Dans le matin. Tel un Jacky Durand en cyclisme, il s’est lancé dans une mission suicide en s’échappant dès le départ du 50 kilomètres marche. En même temps que son avance s’est accrue, cette mission kamikaze qu’on pensait vouée à l’explosion en pleine marche s’est transformée en coup de poker génial malgré une chute au 42e kilomètre. Comme quoi il ne peut rien arriver à ces Bleus touchés par la grâce. En 3h40 et 37 secondes, il a éparpillé la concurrence et réussi la performance incroyable de conserver son titre acquis il y a quatre ans à Göteborg. A ces trois médailles il faut ajouter l’argent de Garfield Darien au 110m haies : « C’est une grosse surprise. Je me suis battu pour avoir cette médaille. C’est une concrétisation. C’est toute l’équipe de France qui a ouvert une porte. Je n’ai fait que m’y engouffrer », a expliqué Darien. Quatre médailles dans cette journée et l’espace de quelques minutes, la France s’est trouvée en haut du tableau avec ses dix médailles. La déception du jour est venue de la sixième place de Leslie Djohne sur 400m, mais aussi de Ladji Doucouré, sixième en demi-finale du 110 m haies.
Mahiedine Mekhissi-Benabbad et Bouabdallah Tahri ont commencé leur duel par un choc à distance. Répartis dans une série différente, ils ont chacun remporté leur course. Rendez-vous dimanche pour une finale où l’or ne devrait pas leur échapper. Sur 200m, comme leurs compères masculins, les filles seront trois à se présenter au départ de la finale du demi-tour de piste samedi. Salim Sdiri et Kafétien Gomis seront au rendez-vous de la finale de la longueur dimanche. Les journées se suivent et se ressemblent à Barcelone pour le clan bleu. Qui se plaindra d’être en plein rêve ?