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Le faux-départ de Bolt fait jaser

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Les réactions après la disqualification du Jamaïcain en finale du 100 mètres dimanche soir sont majoritairement hostiles à la règle du premier faux-départ éliminatoire. La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) va-t-elle une nouvelle fois revoir sa copie ? C'est tout sauf impossible.

Une superstar au tapis, des spectateurs frustrés, des sponsors qui grognent : la mésaventure d’Usain Bolt dimanche soir pourrait avoir des conséquences majeures sur les règlements du sprint de haut niveau. Et à court terme. Auteur d’un faux-départ grossier, dont les raisons sont encore difficiles à comprendre, le Jamaïcain a réveillé les ardeurs de ceux qui estiment que la règle du « no-start » (aucun faux-départ toléré), en vigueur depuis janvier 2010, doit être abolie. Médaillé de bronze du 100m, Kim Collins la trouve « injuste ». Il n’est pas le seul dans le milieu.

Hélas pour eux, au moment de l’instauration de cet impitoyable couperet, le président de l’IAAF s’était longuement expliqué, et de façon plutôt convaincantes. « J’ai l’impression que certains profitent des règlements pour volontairement provoquer des faux-départs et ainsi fausser la compétition, estimait Lamine Diack. Cette nouvelle règle, plus claire, plus juste, s’imposera à tous sans exception. » Parmi les arguments retenus par les dirigeants de l’athlétisme mondial, on relevait celui, plus pragmatique, du respect horaire des programmes dans des rendez-vous aussi capitaux que les JO ou les Mondiaux, diffusion TV oblige ; à l’époque des faux-départs tolérés (un par athlète), certaines courses pouvaient engendrer des retards de plusieurs minutes.

Davies (IAAF) : « On va certainement discuter de cette question dimanche »

Les règlements avaient alors été durcis. Mais les problèmes n’étaient pas résolus pour autant. En 2003 aux Mondiaux de Paris, alors que l’IAAF venait d’instaurer le deuxième faux-départ éliminatoire quel que soit le coureur, l’Américain Jon Drummond avait refusé de quitter la piste du Stade de France en signe de protestation… Depuis janvier 2010, aucune réclamation majeure n’avait été adressée à la Fédération internationale pour revenir sur le « no-start ». Celui-ci semblait être progressivement accepté par tous. La preuve la plus récente ? Pas plus tard qu’en demi-finale du 100m ce dimanche, deux heures avant la fameuse finale, le Britannique Dwain Chambers était passé à la trappe sans que cela soulève la moindre réaction de compassion. Et on est en droit de penser que tout autre finaliste qu’Usain Bolt victime du règlement aurait subi la même indifférence.

La poule aux œufs d’or de l’athlétisme mondial ayant été touchée, l’IAAF s’est immédiatement fendue d’un communiqué circonstancié. « Il fallait répondre aux nombreuses demandes des médias internationaux », a justifié Nick Davies, directeur de la communication de l’instance, contacté par RMC Sport. Le dogme du « no-start » peut-il être remis en cause ? Un journal jamaïcain, le Jamaica Gleaner, croit savoir que la Fédération se réunira à ce sujet à la fin des Mondiaux. Davies ne dément pas : « Il y a en effet un conseil de l’IAAF programmé dimanche. On va certainement, et notamment, discuter de cette question de faux-départ. En théorie, oui, on peut proposer un changement de règlement. Mais on en est encore très loin. » Pendant ce temps, Usain Bolt ronge son frein en attendant les séries du 200m, vendredi.