Longuèvre : « Le corps de Ladji a dit stop »

Blessé aux adducteurs, Ladji Doucouré a déclaré forfait pour les Mondiaux de Berlin. L’aboutissement presque logique d’une nouvelle saison gâchée par les pépins physiques.

Renaud, quel est votre réaction après l’annonce du forfait de Ladji Doucouré pour les Mondiaux de Berlin ?
C’est forcément une déception. Il était dans une logique de préparation pour les championnats du monde, avec de réels espoirs de bien y figurer puisqu’il avait fait une très bonne semaine passée. C’est un accident musculaire qui le condamne pour ces Mondiaux.

Comment s’est-il blessé ?
Ça s’est passé en salle de musculation, en faisant un exercice de poussée à la presse oblique. Il a ressenti une pointe tout en haut de l’adducteur, à l’insertion. On pensait surtout à une contracture mais, après avoir passé une IRM, il s’avère qu’un morceau de tendon s’est désinséré sur l’os. Ça implique une cicatrisation d’au moins dix jours et ce n’était pas possible d’espérer être compétitif aux championnats du monde. C’était trop risqué de se lancer dans une grande compétition avec un délai de préparation aussi court.

Où en était la douleur lombaire qui l’avait obligé à renoncer aux championnats de France ?
C’était terminé. Il avait réussi à refaire des haies en allant vite sans problème. Il faisait des bons chronos la semaine dernière. On était confiant.

Quel est l’état d’esprit de Ladji ?
Il est évidemment déçu. C’est toujours un crève-cœur. Il est conscient que son corps lui a dit stop et que c’était sûrement l’aboutissement d’une période difficile où il a enchaîné plusieurs blessures. Maintenant, il faut se projeter vers l’avenir et faire une cicatrisation correcte, prendre des vacances, décompresser avant de reprendre l’entraînement pour préparer la saison 2010.

Comment expliquez-vous cette accumulation de blessures ?
Je pense qu’il est parti d’un bon résultat cet hiver aux championnats d’Europe en salle (médaillé d’or du 60 m haies, ndlr). La préparation de printemps a été perturbée par une entorse à la cheville, qui a traîné et l’a empêché de se préparer comme il aurait fallu. Ensuite, il y a eu une suite de compétitions où ça ne venait pas mais on avait quand même le sentiment qu’il y avait moyen de faire quelque chose aux championnats du monde. Et puis il y a eu coup sur coup ces blessures au dos et aux adducteurs. Ça fait beaucoup mais, s’il a lâché comme ça, c’est que son corps avait besoin de repos et qu’il n’était pas prêt à encaisser des intensités d’entraînement pour une compétition comme celle-là.

Est-ce que cela peut vous pousser à changer des choses dans ses futures préparations ?
Non, la priorité est désormais de récupérer un corps en bonne santé. Il doit se reposer et évacuer tous ces problèmes de sa tête. Il faut qu’il s’arrête un bon mois et demi avant de repartir avec une feuille blanche.

Sylvain Coullon