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Quatre Français dans le vent

Yohann Diniz, une des meilleures chances française de médaille à Daegu.

Yohann Diniz, une des meilleures chances française de médaille à Daegu. - -

C'est sur leurs épaules que reposeront les principaux espoirs de médailles tricolores lors des Mondiaux d'athlétisme, qui débutent ce samedi en Corée du Sud. Et le défi semble davantage les exciter que les effrayer.

Lavillenie, le voltigeur

Même s’il a raté ses championnats de France le mois dernier (trois échecs à 5,73m), même si le Polonais Wojciechowski lui a ravi in extremis la meilleure performance mondiale de l’année avant les Mondiaux (5,91m contre 5,90m), le perchiste clermontois de 24 ans est une valeur sûre. Médaillé de bronze à Berlin en 2009 pour son premier rendez-vous planétaire, champion d’Europe l’an passé à Barcelone en plein air, puis en salle ce printemps à Paris avec un nouveau record personnel et national à 6,03m, Renaud Lavillenie arrive en Corée du Sud dans la peau du favori. Il est le meilleur sur les sautoirs ces deux dernières saisons, le plus régulier aussi. La concurrence des Steve Hooker (champion du monde en titre) et autre Malte Möhr, sans oublier celle des deux autres Français Romain Mesnil – toujours capable d’un exploit – et Jérôme Clavier, ne le stresse pas le moins du monde. Jeudi lors d’une conférence de presse, il n’a pas hésité à baisser le pantalon du décathlonien Romain Barras, en pleine interview ! Mais derrière le potache se cache un compétiteur hors-pair. A vérifier dès samedi lors des qualifications.

Notre pronostic : médaille d’or (finale lundi 29 août)

Diniz, le discret

Sa discipline, la marche, est aux antipodes de la sur-médiatisation des sprinters, au premier rang desquels Usain Bolt. N’empêche : comme toujours depuis une dizaine d’années, Yohann Diniz est l’une des chances les plus fiables de l’athlétisme français. L’une de ses personnalités les plus attachantes, aussi. A 33 ans, le Champenois, double champion d’Europe en titre, veut enfin connaître la consécration mondiale sur 50km après avoir frôlé le titre à Osaka il y a quatre ans (2e). Pour ce faire, il a mis tous les atouts de son côté, réalisant notamment un impressionnant chrono (3h35) sur la piste, en mars dernier. Avant de s’astreindre à des milliers de kilomètres d’entraînement, seul, sur le bitume. « J’y vais pour gagner », assure celui qui avait fait quasiment toute l’épreuve en tête l’an dernier à Barcelone. Quand on sait que ce passionné de littérature parle rarement pour ne rien dire… Et que l’Italien Alex Schwazer, champion olympique à Pékin, a dû déclarer forfait, on se dit que l’heure de Diniz, malgré la concurrence russe, a peut-être sonné.

Notre pronostic : médaille d’or (finale samedi 3 août)

Mekhissi, l'obstiné

Il parle peu, bosse dans son coin, alimente les rumeurs et donne parfois le bâton pour se faire battre, comme à Monaco le 22 juillet lorsqu’il règle à coups de poing, et devant les caméras du monde entier, un différend personnel avec Mehdi Baala. L’incident a d’ailleurs failli lui coûter sa présence en Corée. Mais la Fédération française d’athlétisme pouvait-elle se passer d’une telle chance de podium ? Quand il court, Mahiedine Mekhissi est un rouleau-compresseur, capable des plus grandes performances sur sa discipline de prédilection, le 3000m steeple. Aux Jeux de Pékin en 2008, il avait permis à la France d’éviter le zéro pointé en athlétisme avec un argent olympique inattendu (avant que Mehdi Baala ne récupère une médaille de bronze sur tapis vert). A Barcelone, il a mis sans pitié l’Europe à sa botte. Il débarque à Daegu fort de la 4e meilleure performance mondiale de la saison, derrière les trois favoris kenyans. Mais le Rémois de 25 ans, issu d’une famille de 10 enfants, a laissé une telle impression de force et de maturité tactique au Stade de France lors du récent Meeting Areva (1er en 8’02) qu’on est en droit de le voir terminer très haut. Sans oublier le talent de l’inusable Bob Tahri, 3e à Berlin en 2009…

Notre pronostic : médaille d’argent (finale jeudi 1er août)

Lemaitre, le surdoué

Grâce à ses 9’’92 (nouveau record de France) à Albi cet été, Christophe Lemaitre fait partie des rois potentiels de la ligne droite à Daegu (6e temps des engagés). Certes, les absences conjuguées de Gay et Powell (blessés), puis de Mullings et Rodgers (contrôlés positifs), lui ont providentiellement ouvert de nouvelles perspectives. Mais l’ancien champion du monde « juniors » progresse à pas de géant. Triple champion d’Europe l’an passé, il a couru 4 fois cette saison sous les 10 secondes. Une régularité qui fait dire au roi Bolt que Lemaitre « fait aujourd’hui partie du business ». Dans sa bouche, c’est un sacré compliment… qu’il va falloir justifier durant cette semaine coréenne surchargée. Présent sur la piste dès samedi sur les séries du 100m, le Savoyard reviendra en fin de Mondiaux pour le 200m, où ses chances de médaille sont encore plus élevées, et le relais 4x100m. En fait-il trop ? Son entraîneur Pierre Carraz, bloqué en France par des problèmes de dos, jure que non. A 21 ans à peine, Lemaitre parait aussi serein que sûr de lui. Sa confiance est contagieuse…

Notre pronostic : médaille de bronze sur 200m (finale samedi 3 août) 

Le titre de l'encadré ici

Et si la Corée leur souriait aussi ? |||

D’autres Français peuvent prétendre au podium à Daegu et ainsi contribuer à entretenir la flamme des derniers championnats d’Europe de Barcelone (18 médailles). En sprint féminin, Véronique Mang (100m) et Myriam Soumaré (200m) peuvent viser la finale. Antoinette Nana-Djimou (heptathlon) et Romain Barras (décathlon) auront leur rôle à jouer dans les épreuves combinées. Respectivement à la longueur et sur 1500m, Salim Sdiri et Mehdi Baala pourraient faire parler leur expérience. Sans oublier les relais 4x100m, qui sourient souvent aux Tricolores…