Soumaré veut encore danser

Myriam Soumaré - -
Son sourire et sa fraîcheur avaient fait chavirer l’Europe de l’athlétisme. Deux ans déjà. Stade Olympique de Barcelone, 31 juillet 2010, finale du 200m. Myriam Soumaré, 23 ans, est loin d’être favorite. A la sortie du virage, elle n’occupe d’ailleurs que la 6e place. Mais sa ligne droite est extraordinaire. Une à une, elle avale irrésistiblement ses concurrentes et casse la ligne en vainqueur. En 22’’32, la Francilienne améliore son record personnel de près de 70 centièmes (trop, trop vite, diront certains) et conquiert son premier grand titre international. Folle de joie, elle tombe dans les bras de la mascotte Barni, entame un tour d’honneur ponctué de cris stridents, drapeau français en mains, avant de bousculer le protocole de remise des médailles : voilée de blanc, maquillée, radieuse, elle monte sur la plus haute marche du podium… en dansant !
Helsinki 2012. Le soleil catalan a laissé place aux lourds nuages finlandais. La sprinteuse de poche (1,67m) n’a pourtant pas changé. Toujours la même décontraction – qui peut passer pour du détachement, elle qui avoue ne pas être passionnée plus que ça par l’athlétisme. Le même regard pétillant. Le même franc-parler dénué de complexes. « Barcelone ? Je vais essayer de faire encore mieux ! », s’amusait-elle il y a encore quelques jours, tout en sachant que cela serait impossible. Il y a deux ans, Soumaré était revenue de Catalogne avec trois breloques dans ses valises, une de chaque métal : l’or sur 200m donc, l’argent avec le relais 4x100m et le bronze sur 100m. Cette fois, la licenciée du Pays de France Athlé 95, à Sarcelles, ne s’alignera « que » sur 200m et avec les filles du relais. « Ces championnats d’Europe sont plus courts, plus compacts, il y aurait trop de courses à disputer. Cela ne sert à rien de courir partout », explique-t-elle.
« Me faire plaisir »
Car le but majeur de sa saison, c’est bien sûr, et comme pour tous les athlètes, les Jeux Olympiques de Londres, à partir du 3 août. Les minima ont été réalisés, sa place est assurée, plus la peine de faire la guerre au chrono. « Je ne fixe pas d’objectif de temps à Helsinki, confirme-t-elle. Je veux d’abord me faire plaisir et me rassurer techniquement. » Depuis son bel été barcelonais, tout n’est pas allé de soi pour l’assistante-puéricultrice la plus célèbre du sport français (elle exerce encore à mi-temps). Elle l’admet volontiers, elle a eu du mal à digérer sa soudaine popularité et les sollicitations afférentes. Ses performances en ont parfois souffert. Elle n’est plus montée sur un podium international. Aux Mondiaux de Daegu l’an passé, à un niveau supérieur aux « Europe » il est vrai, l’élève d’Olivier Darnal n’avait pas franchi le cap des demi-finales sur 100m et 200m.
Alors, inquiète, la Française, au moment d’entamer ce vendredi la défense de son titre continental ? Pas le genre de la maison, apparemment. « Je n’ai pas plus de stress que ça. Je dois juste faire ce que je sais faire : courir vite, le plus vite possible ! Et après on verra. » Si tout va bien, cela devrait suffire ; aucune de ses rivales ne possède ses références chronométriques. Myriam Soumaré a encore de beaux sourires devant elle.