Teddy Tamgho prend son envol

Le jeune français a battu le record du monde en salle de triple saut grâce à un bond de 17m90. - -
Un regard impassible. Quelques étirements. Une couse d’élan ponctuée de trois impulsions. Et un saut. Ou plutôt un envol. Celui de Teddy Tamgho. 17m90 plus loin, le Français retombe au paradis dans le sable de Doha. Grâce à un bond exceptionnel, il pulvérise le record du monde en salle du triple saut. Et rafle du même coup la couronne mondiale. La première de sa jeune carrière. « C’est le gâteau avec la cerise, jubile le Parisien. Ça a été difficile. Ce qui rend la victoire encore plus belle. »
Dominé pendant tout le concours par le Cubain Yoandris Betanzos et ses 17m69, le sauteur de Montreuil a tout lâcher lors de son dernier passage. Avant de courir rejoindre ses proches en tribunes, enroulé dans un drapeau français. Ivre de bonheur. « C’est merveilleux pour lui, savoure Ghani Yalouz, le directeur technique national. Ça le met en confiance. Ce record du monde montre qu’il peut y arriver. Il n’a aucun complexe à avoir. Mais ce n’est qu’une étape. » Une étape qui a mis un peu de temps à se dessiner. Sacré champion du monde junior en 2008, Tamgho n’a pas tout de suite confirmé à l’échelon supérieur. D’abord freiné par les blessures, il a ensuite manqué de régularité. Sans pour autant baisser les bras.
Yalouz : « Reproduire ce genre de performances aux JO de Londres »
« Je n’ai jamais douté, jure-t-il. J’étais juste parfois énervé par quelques-unes de mes performances. Mais j’ai toujours eu confiance. Je savais que le jour où je serai bien, je pourrai exploser. Donc j’ai toujours été serein par rapport à ça. » Et ce jour est arrivé. A force de travail et d’abnégation. Le petit Teddy a fendu l’air climatisé de l’enceinte qatarie. Au grand bonheur du clan français, qui s’apprêtait à repartir bredouille de ces Mondiaux en salle. Comme en 2006 et 2008. « On a vécu des déceptions ce week-end mais c’est le sport qui veut ça, souffle Yalouz. On va en tirer les enseignements. On a prévu de rester deux jours tous ensemble avec les athlètes pour faire le bilan. »
Histoire de mettre les choses à plat à moins d’un an et demi des Jeux Olympiques. « On veut être bons à Londres et on va l’être, clame l’ancien lutteur. Ce qu’à fait Teddy c’est très bien. Il a confirmé son talent. Maintenant, il faut le protéger comme on l’a fait avec Renaud Lavillénie l’an passé. Car l’important, c’est qu’il reproduise ce genre de performance à Londres en 2012. Je vais le lui rappeler assez rapidement. » Pas forcément pour que Tamgho redescende de son nuage. Mais plutôt pour qu’il y reste.