Vicaut a trouvé sa voie

Jimmy Vicaut, Champion d'Europe junior, va découvrir l'élite du sprint mondial à Daegu - -
Jimmy Vicaut n’a pas été toute sa vie dans le haut du panier. Avant d’entrer à 19 ans dans le top 3 des meilleurs performeurs européens du 100 m dans la catégorie junior (10’’07), le sprinter de Bondy (Seine-Saint-Denis) a souvent été sous la ligne de flottaison. « C’est mon père qui m’a mis à l’athlé, se souvient-il. J’ai choisi le sprint parce que j’avais des aptitudes, mais aussi parce que j’étais nul au lancer, le demi-fond, c’était trop dur, et le saut, j’ai dû arrêter après m’être blessé à la hanche en minimes... » Celui que l’on présente aujourd’hui comme une menace pour Christophe Lemaitre (9’’92 sur 100 m), manque de redoubler en 3e. « Je n’étais pas très bon, confesse-t-il. Mon père et mon coach de l’époque m’ont décroché un rendez-vous avec Guy Ontanon pour me remettre dans le coup. » L’un des entraineurs français les plus capés, aujourd’hui membre du Lagardère Paris Racing, qui a vu passer Arron, Hurtis ou Pognon, le fait entrer en 2009 à l’INSEP à tout juste 16 ans. « On me l’a confié pour le suivi sportif, mais aussi scolaire. »
Les progrès ne tardent pas. En 2010, Vicaut décroche la médaille de bronze du 100 m (10’’28) aux Mondiaux juniors de Moncton (Canada). Dans la foulée, il rejoint l’équipe de France A à Barcelone et participe au titre européen du relais 4x100 m. Mais c’est cet été qu’il frappe les esprits en remportant le titre continental junior en Estonie grâce à un chrono (10’’07) qui lui permet, pour la première fois, de venir titiller les meilleurs. Devenant le 3e meilleur européen de la distance derrière les seniors Christophe Lemaitre et le Britannique Dwain Chambers, le Banlieusard décroche son ticket pour Daegu. « Ces Mondiaux, c’est du bonus. L’objectif cette saison, c’était Tallinn. » Un jugement partagé par le coach. « En Corée, il entre dans l’arène des grosses cylindrées. Il va gagner en confiance. A un an des JO, le timing est parfait », se félicite Ontanon, qui donne pour objectif à son protégé une place en demies. Londres fait désormais partie du calendrier de l’athlète du Lagardère Paris Racing. « J’avoue qu’au début de l’année, je n’y pensais pas trop, je m’imaginais plus pour les Jeux 2016, mais depuis quelques mois… »
« Lemaitre ? Un adversaire »
Pour autant, le nouvel espoir du sprint tricolore n’est pas arrivé à destination. Si son entourage loue sa capacité à encaisser les charges de travail, Vicaut reste perfectible. « Il doit améliorer sa mise en action, explique l’entraîneur. Mais il peut déjà s’appuyer sur sa morphologie (1,86 m, 83 kg), c’est une petite force de la nature. » Pour atteindre son prochain objectif (le record du monde junior en 10’’01), il va devoir croiser les Bolt, Powell, Gay, Dix, et Lemaitre. La comparaison avec son compatriote, d’ailleurs, l’agace. « Il est blanc, je suis métis. Lemaitre est mon adversaire. » Une chose est sûre : la nouvelle perle du sprint français refuse les modèles. « Ce n’est pas ça qui va ma faire avancer ». Même si la finale de Bolt à Pékin l’a bluffé, le jeune coureur, doté maintenant d’un bac informatique, est à Daegu pour préparer son envol qu’il prévoit de l’autre côté de la Manche. Un rendez-vous qu’il prépare en perfectionnant… son anglais. « Je suis nul », lâche-t-il. Encore un peu cancre malgré tout...