Charles-Antoine Kouakou, direction Paris 2024

Il fêtait ses 25 ans hier, jour de fête nationale mais c’est ce soir que Charles-Antoine Kouakou souhaitait offrir au public du stade Charléty et à ses proches, un feu d’artifice.
Une préparation tronquée et un mental à toute épreuve
A son entrée en piste, la voix des spectateurs parisiens s’élève, dont celles d’une vingtaine de proches bien identifiables à quelques mètres de la ligne d’arrivée agitant drapeaux et pancartes. Nouvelle salve d’applaudissement à 19h46 quand le speaker annonce: "Couloir 6, champion paralympique en 2021, il représente la France, Charles-Antoine Kouakou !" 19h47, le Parisien est dans les starting-blocks. 47 secondes et 59 centièmes plus tard, il franchissait la ligne en 4e position signant un nouveau record d’Europe. Pas de médaille mais l’essentiel était ailleurs: "J’ai assumé, j’ouvre un quota pour la France et je fais mon record."
Au milieu des micros tendus de la zone mixte, alors que l’athlète pose auprès des mascottes des Jeux de Paris 2024 se permettant une bise à chacune d’entre elles, Vincent Clarico le filme avec son téléphone. "Il est incroyable", souffle son entraîneur laissant apparaître une certaine émotion. Il faut dire que la qualification était loin d’être assurée et même si ce n’est pas officiel - le quota décroché n’assurant pas la place à celui qui l’a obtenu - "CAK" devrait bien être l’athlète représentant la France l’an prochain aux Jeux Paralympiques.
La fierté de la famille et des entraîneurs
Lors de sa préparation, Charles-Antoine Kouakou se blesse au pied le contraignant à compenser par de la natation, du vélo et du renforcement musculaire. Il n’aura couru que trois courses avant de se présenter au Stade Charléty. "Il fallait être créatif. On a travaillé son rythme sur le vélo, son endurance en piscine mais quand on fait ça, on ne sait pas ce que ça donne sur la piste. Quand on voit ce que ça donne après trois courses c’est énorme, reconnait Clarico. Avec un stade acquis à sa cause, avec sa maman qui l’a, pour la première fois, vu courir en vrai hier en demi-finale. Ce sont des éléments moteurs pour lui." Une maman absente aujourd’hui "car elle stressait trop" souligne Marcel.
La tête au Stade de France
"On s’en fout de la médaille. Il fallait la qualification pour les Jeux, ajoute le père du champion paralympique. Il n’avait pas fait de compétition depuis deux mois, je suis fier de lui." Un sentiment partagé par son entraîneur du Pôle France, Frédéric Drieu: "Charles-Antoine rend toujours fier dans tout ce qu'il fait, dans tous les progrès qu’il a fait dans son parcours professionnel et son parcours de vie."
"Aujourd’hui il bat le record d’Europe alors qu’il avait certaines inquiétudes. En partant de l’hôtel il savait qu’il y aurait du monde dans les tribunes, ses parents notamment. Je lui ai demandé ce qu’il voulait ressentir, il m’a dit comme à Tokyo." En 2021, il avait alors décroché l’or de manière inattendue mais porté par ses valeurs. "Il est persévérant, c’est un combattant et il ne lâche jamais rien, confie Drieu. Il est un exemple pour ses copains du Pôle."
Un joyeux 25e anniversaire
Après une coupure, Charles-Antoine Kouakou reprendra l’entraînement en septembre pour préparer les Jeux. "J’ai confiance en lui", assure son papa qui ne manquera pas de se rendre au Stade de France. "Ce résultat nous permet de nous projeter sereinement, retient de son côté Vincent Clarico. On va se mettre sur la préparation des Jeux pour aller chercher l’essentiel de ce qui constitue les objectifs d’un sportif: monter sur l’Olympe. On peut croire au plus beau des rêves à savoir un doublé ce qui serait une première pour le sport adapté. On est en capacité de pouvoir aller chercher l’or, sans complaisance. On va passer un agréable été."
Et Charles-Antoine Kouakou un doux 25e anniversaire. Au programme ? "Manger le gâteau et fêter hein, comme d’habitude." Une première puis "une seconde fois quand il rentrera à la maison parce que pour le moment il est à l’hôtel" regrette Marcel.