Comment gérer le blues du marathon

Des concurrents du marathon de Paris - AFP
« Le blues du marathonien est un sujet très intéressant. Plus généralement, ça pose la question de la motivation. Ce n’est pas le dégoût du marathon mais le fait qu’il y ait un grand vide après la course. Plus la préparation a pris de la place dans le quotidien, en matière d’organisation de la vie, plus il faut ensuite savoir se réorganiser. C’est un peu comme pour un athlète de haut niveau. Quand on s’arrête, derrière, il faut réorganiser sa vie différemment et trouver une bonne raison de le faire. Ce n’est pas si simple. Le marathonien vit un peu cela : une perte de sens et une nécessité de retrouver une organisation post-course.
La solution est-elle de refaire une course très vite ? Evidemment, non. On peut enchaîner dans certaines disciplines mais pas dans le marathon. Il faut d’abord une phase de récupération qui oblige à ne rien faire ou très peu, un peu de vélo par exemple, alors qu’on faisait beaucoup. Il faut aussi retrouver un projet et ce n’est pas toujours facile. Il faut laisser passer ce moment tranquillement. Avec la diminution de l’activité physique, on peut aussi imaginer des changements en termes hormonaux donc il faut bien prendre du temps, anticiper sur son prochain objectif, profiter d’une vie un peu plus normale pendant quelques semaines.
« Ça dépend comment on l’a vécu »
Et une fois qu’on a récupéré, on peut se fixer d’autres objectifs, sur des distances plus courtes, sur d’autres sports. Certains arrêtent par exemple le tennis pour préparer un marathon. Si on a quelque chose pour reprendre, comme eux, c’est plus facile que si on est parti de rien, qu’on a beaucoup investi pendant un an et qu’on se retrouve sans rien après la course.
Préparer un seul marathon puis arrêter le running ? C’est possible. Ça dépend comment on l’a vécu. Si on interroge les gens sur la ligne d’arrivée, dans l’instant, 70% vont vous dire : ‘‘Plus jamais ça’’. Si on a été mal préparé, si on a trop forcé et que ça a été une expérience désagréable, ça paraît logique de ne pas avoir envie d’y retourner. Une autre raison peut expliquer cela : les gens qui cochent des cases dans leur vie. C’est une sorte de « to do list ». Il faut faire un marathon dans leur vie, ils le font et ensuite ils n’ont plus envie. Leur motivation n’est pas liée au plaisir de la pratique mais à un objectif personnel. »