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Comment Lavillenie se prépare à un nouveau record du monde

Renaud Lavillenie

Renaud Lavillenie - AFP

Presque un an jour pour jour après avoir établi le record du monde (6,16m) à Donetsk, Renaud Lavillenie est engagé ce samedi au meeting de Berlin. Peut-être l’occasion pour le perchiste auvergnat de fêter cet anniversaire en établissant une nouvelle marque de référence. Un défi qui ne l’obnubile pas mais pour lequel il se prépare avec minutie. Plongée dans les coulisses d’un nouvel exploit espéré.

Dix mille paires d’yeux seront rivés sur lui. A attendre qu’il réécrive l’histoire. Ce samedi, dans la salle surchauffée de Berlin, Renaud Lavillenie se sait attendu. Cela tombe bien, il aime ça. Après avoir déjà franchi deux fois la barre des 6 mètres cet hiver, à Rouen et Nevers, le perchiste français veut poursuivre cette belle série. Mais le public et lui-même, ont autre chose dans un coin de la tête. Trois mots qui suivront désormais l’Auvergnat dans tous ses déplacements : « record du monde ». Presque un an jour pour jour après avoir effacé des tablettes la barre mythique de Sergueï Bubka (6,15m) à Donetsk, le champion olympique sait bien qu’un autre record serait la plus belle manière de fêter cet anniversaire. Mais entre ce souhait et la réalité, il y un fossé… que Lavillenie essaie de franchir, comme samedi dernier à Nevers (trois échecs à 6,17m).

Toutefois, pas question pour le Tricolore de se focaliser uniquement sur ce record du monde. « Je vais être franc, mon objectif cet hiver n’est pas de battre le record mais de donner le maximum et surtout d’être champion d’Europe (du 6 au 8 mars à Prague, ndlr), explique-t-il. Mon objectif est de sauter le plus haut et le plus régulièrement possible, monter le curseur. » Des propos appuyés par Philippe d’Encausse, son entraîneur : « On ne parle jamais de ça avec Renaud. Depuis qu’on a repris début octobre, je pense qu’il n’y a pas une fois où on a parlé de l’objectif de faire 6,17m ou plus. Il n’essaie pas de sauter le plus haut possible à l’entraînement, il essaie de sauter haut de manière régulière. C’est-à-dire que s’il fait cinq fois 5,80m dans une séance, elle est excellente. Pour le novice ça peut paraître éloigné de 6,16m, mais on a nos repères et on sait que ça peut donner de bons trucs. Il n’y a pas de stratégie idéale. On essaie qu’il soit dans la meilleure forme physique le jour J et que son bagage technique soit le plus prêt possible. »

« Je n’ai pas la marge que Bubka avait »

Pour améliorer son premier record, Lavillenie pense d’abord compétitions, titres et régularité à plus de 6m, barre qu’il a déjà franchie onze fois dans sa carrière, dont neuf fois en salle. « Ce n’est pas : on ouvre un bouquin, opération record du monde et il faut faire ça, ça et ça. Ça ne marche pas comme ça, lâche l’athlète de 28 ans. C’est une progression au fur et à mesure des compétitions, de la montée en puissance de l’état physique. Je ne suis pas Bubka, je n’ai pas la marge qu’il avait. Je n’ai pas pris un record du monde à 5,90m, je le prends déjà à 6,15m. Pour aller chercher un record, il faut que je sois à 100% de mes capacités, si ce n’est 101 ou 102%. Je suis conscient que ça ne viendra pas en claquant des doigts. Il faut que tous les paramètres soient au vert le bon jour. »

Si la recette miracle n’existe pas, Lavillenie met tous les atouts de son côté pour parvenir à ses fins. Pour l’aider dans sa quête, son staff a fait appel à une société chargée de filmer et d’analyser ses sauts, afin de pointer les secteurs dans lesquels des progrès peuvent être effectués. « Ils viennent cinq fois dans l’hiver et mettent en place des "auto-jumps" qui mesurent la vitesse de décollage, la vitesse à 10m, 15m, l’amplitude de la foulée, le temps de pression au sol, toutes ces choses qui rempliraient de joie un biomécanicien, raconte Philippe d’Encausse. Ça nous apporte beaucoup d’enseignements. Ça nous éclaire sur ce qu’on savait déjà… ou pas. C’est une force. » Une de plus pour aider Lavillenie à repousser ses propres limites.

AA avec FXC