Diniz : « A Londres, l’échec est interdit »

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Yohann Diniz, comment avez vécu l’après-Daegu ?
Ce fut très difficile. Je me suis demandé pourquoi, du jour au lendemain, je ne savais plus marcher. Pourquoi j’étais le plus dégueulasse au monde. A Barcelone (aux championnats d’Europe en 2010, ndlr), je fais 50 kilomètres tout seul devant avec une caméra sur moi. Et là, en 15 kilomètres, c’est fini. Le titre me tendait presque les bras et je passe au travers. Si au moins, il y avait eu un combat… Je me suis préparé pendant un an pour faire 15 bornes. Ça fait mal. L’envie n’est revenue qu’au début du mois de janvier. Avant, j’allais m’entraîner mais c’était mécanique. Il n’y avait aucun plaisir.
Avez-vous digéré cet échec ?
Digéré oui, oublié non. La cicatrice s’est refermée mais elle encore fraîche. Il fallait pourtant rebondir. Le plus dur a été de reprendre. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Je me posais ces questions. Arrêter ? Non, l’objectif, ce sont les JO de Londres. Mais ça fait mal. Il faut puiser au fond de soi l’énergie qui vous permet d’aller s’entraîner matin et soir, deux fois par jour, peu importe les conditions climatiques.
Comment avez-vous réagi suite à votre disqualification ?
Déjà, je suis atypique. J’ai une tronche atypique. Je suis grand. Je ne marche pas comme les autres. Je ne passe pas inaperçu. On me disait : « Tu marches complètement différemment des Russes. » C’est fluide, coulé, mais la technique est différente. Et on ne voit que moi ! Alors, j’ai essayé d’entrer dans un moule, de marcher un peu comme les Russes, c’est-à-dire sur une ligne. Mais pour moi, c’est difficile. Ce n’est pas dans mes gênes. Le naturel revient vite au galop même si ça porte un peu ses fruits.
« J’ai les clés de la réussite »
Comment préparez-vous les Jeux Olympiques ?
Ma première partie de saison est axée sur des 20km. Je vais sur des grosses compétitions à l’étranger, à Lugano, en Suisse et en Slovaquie. Mais si je fais 5e ou 10e, ce n’est pas grave. Le but est d’être sur la « boîte » dans six mois. Avant les JO, ce n’est que du réglage. On ne retiendra que le 11 août (jour du 50km marche).
L’objectif à Londres, c’est de revenir avec une médaille ?
Oui, je signe tout de suite ! Réussir mes Jeux est le plus important. Je viens de me prendre une petite claque. Ça s’est bien passé à Barcelone, moins bien aux Mondiaux. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai les clés de la réussite. Je sais ce que je dois reproduire pour gagner. J’espère que ce ne seront pas mes derniers Jeux, mais ceux-là seront les plus importants de ma carrière. A Londres, l’échec est interdit. Je dois être prêt. Ce qui est arrivé l’année dernière m’a presque fait du bien. Je suis toujours meilleur dans le doute.