Diniz : « La médaille appartiendra aussi un peu à Mahiedine »

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Yohann Diniz, que vous inspirent cette médaille d’or et ce record du monde ?
Ça me rappelle une course que j’avais effectuée avec Alex Schwazer en 2012 avant qu’il ne se fasse rattraper par la patrouille à Lugano (positif à l’EPO, ndlr), déjà. J’avais fait 1h17’43’’ ici sur 20 km, ça avait été le même type de course. On n’avait rien lâché, on affolait les chronos. Mais aujourd’hui, il y a un record du monde au bout. Je suis un vrai triple champion d’Europe avec Göteborg (2006), Barcelone (2010) et Zurich. Je suis le premier à le faire en marche athlétique sur 50 kilomètres. Je ne montre pas que je suis le boss, il faut se remettre en question. C’est ça, la beauté du sport.
Vous nous avez fait vivre un moment d’anthologie. Est-ce que vous réalisez ?
J’ai encore du mal un petit peu à réaliser. Enfin, j’ai réalisé toute l’ambiance qu’il y avait sur le parcours et tous les gens qui étaient derrière moi, qui me poussaient. Après, j’avais tout le public avec moi. Mais déjà, dès le départ, dès qu’on m’a présenté, je sentais qu’il y avait un peu une effervescence derrière moi. Et puis, au fur et à mesure, je pense que tout le monde a cru en moi, s’est dit : « Bon là ça y est, Yohann, il va nous faire une vraie course, il va enfin nous refaire une Yohann Diniz ». C’est ce que j’avais dit en changeant d’entraîneur. C’était ce que je recherchais, l’électrochoc. Je suis content, donc j’ai pris des bonnes décisions l’année dernière.
Vous vous attendiez à pulvériser ce record ?
Je me suis même arrêté au stand du Portugal pour récupérer le drapeau, pendant trois-quatre secondes ! Mon grand-père était portugais, mon père est d’origine portugaise et j’ai perdu ma grand-mère cette année aussi. Je suis franco-portugais et je me suis tout le temps considéré comme franco-portugais. Et donc la médaille aujourd’hui, elle est bien sûr pour la France et elle est aussi un petit peu pour le Portugal. Pour ma famille qui est au Portugal, également.
Est-ce une revanche après quelques années difficiles ?
Il ne faut même pas parler de revanche. C’est une belle course et c’est une belle médaille pour notre équipe de France, pour le collectif. Et j’espère que ça va en appeler plein d’autres parce qu’on est une magnifique équipe. Il y a quelqu’un qui est juste à côté (Ghani Yalouz) et lui, il sait nous parler, nous booster. Il est tout le temps derrière nous. Hier (jeudi), je lui ai fait mal aux jambes, il m’a suivi en vélo. Et c’est ça, l’équipe. La médaille, elle appartiendra un petit peu aussi à Mahiedine (Mekhissi) parce qu’hier, il a été victime d’une injustice. Et parce que d’habitude, c’est souvent Mahiedine qui rapporte la médaille. Aujourd’hui, c’est moi qui lui offre une petite part de ma médaille et du record du monde parce que j’ai aussi beaucoup parlé avec lui. Et même s’il est plus jeune que moi, il m’apporte aussi beaucoup. J’aime bien aussi écouter Mahiedine Mekhissi parce que c’est un vrai guerrier et il m’apporte aussi beaucoup quand il me parle.