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Doucouré : « Des pistes aux Etats-Unis »

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Invité du TP Show, lundi soir sur RMC, Ladji Doucouré a annoncé être en plein réflexion sur son avenir personnel, après plusieurs saisons marquées par les blessures et les déceptions sportives. Le champion du monde 2005 du 110m haies envisage ainsi de tenter l’aventure américaine et de quitter son entraîneur Renaud Longuèvre.

Qu’avez-vous fait depuis les JO de Londres ?

Je fais beaucoup de grasses matinées. Il va falloir que je me remette d’aplomb. Je n’ai rien fait depuis, j’ai pris quelques vacances pour descendre à Ajaccio et, en ce moment, je réfléchis beaucoup à la suite de ma carrière. Je n’ai pas envie de m’arrêter là-dessus.

Allez-vous continuer le 110m haies ?

Oui, je pense. Je vais rester sur cette discipline. Je pensais le faire, mais c’est une façon d’esquiver le boulot, c’est trop facile de changer de discipline. Je pense que j’ai encore quelque chose à faire sur les haies. Beaucoup de gens me parlent du 400m haies. Pourquoi pas plus tard, mais je ne sais pas encore quand. C’est encore un peu brouillon, un peu vague.

Continuerez-vous à vous entraîner en France ?

Je suis en train de regarder les pistes aux Etats-Unis, ce que je peux faire là-bas, où je peux atterrir. Il faut que je prenne les devants, que j’arrête d’être trop gentil. Il faut être un peu égoïste pour casser la routine. Ça fait 12 ans que je m’entraine à l’INSEP, je pose mon sac toujours au même endroit. C’est toujours la même routine et, à un moment, tu es bien dans ton confort. Il faut peut-être casser ça pour bien rebondir. J’ai fait une année sans me blesser, c’est ce que je voulais. Sauf que je ne vais pas vite, c’est normal que je ne me blesse pas.

Cela signifie-t-il que vous allez vous séparer de Renaud Longuèvre ?

Pourquoi pas ? Je suis en train de penser à tout. La réflexion a commencé un peu avant les Jeux, sur ma condition physique et ma capacité à aller vite. Puis les résultats des Jeux, avec cette claque (élimination en demi-finales, ndlr)… Je suis en pleine réflexion, je ne dors pas, je discute avec pas mal de monde.

« Je n’aime pas qu’on me regarde avec de la pitié »

Ça semble être une décision difficile à prendre …

Oui, parce qu’il y a des affinités avec les gens qui t’entourent, mais à un moment donné, tu penses être trop "amical" alors qu’il faut parler un peu "business". C’est ton sport, ton métier. Et si tu veux persévérer dans ton sport, il ne faut penser qu’à ça. C’est une grosse réflexion là-dessus parce qu’il y a des choses qui ne vont pas, que ce soit médical ou aux entrainements. Les gens m’en parlent depuis quelques années, depuis que j’enchaine les blessures. Et moi je me dis : "Non, c’est bon, j’ai les gens qu’il faut à côté de moi." Mais là, je n’ai pas pris une claque, j’ai pris une belle droite. Les gens te regardent avec de la pitié et je n’aime pas ça du tout. Les gens disent : "C’est dommage, tu es un bon gars." Un bon gars, oui, je serai toujours un bon gars… Mais moi je veux être un bon sportif.

Croyez-vous à une médaille olympique, dans quatre ans à Rio ?

Beaucoup de monde me dit : "Fais du 400m haies, c’est moins traumatisant, tu vas plus t’éclater, ça va être mieux." Après, il y a une autre partie des gens qui disent "Tu as un talent de fou et ce n’est pas normal que tu en sois-là. Et si tu fais ce qu’il faut, tu reviendras." J’ai tendance à plus écouter ces gens-là. A un moment donné, je me dis qu’il faut que je change ma manière de m’entrainer, sans jeter la pierre sur qui que ce soit. Je suis en train de réfléchir et, si ça se trouve, je ne vais pas bouger.

Le nouveau recordman du monde Aries Merritt (12’’80) est-ils battable ?

C’est une discipline où le numéro 1 change tous les ans ou tous les deux ans. Il y a encore un an, on ne parlait pas de Merritt. Les hurdlers ont vu son retour et tout le monde a fait attention à lui. L’année dernière, il a fait cinquième aux championnats du monde. Il est vraiment passé à côté et personne ne pensait à lui. Il a été champion du monde junior, avec un record à 13’09 en 2006 ou 2007. Il n’a jamais confirmé, à part cette année, où il est en forme. Il y a quelques années, il a commencé à se blesser. Il a changé lui sa façon de s’entrainer et il est parti au Texas avec un nouvel entraineur. L’hiver dernier, il a commencé à courir en moins de 7’’50 sur 60m. Il a changé sa manière de courir. Il est beaucoup plus technique, a moins de perte de temps au sol. Il est plus propre et, au final, ça fait 12’80 et beaucoup de courses en moins de 13 secondes. Il a fait la saison qu’il fallait au bon moment. Mais il n’est pas imbattable. Ça change tout le temps. C’est juste une suite logique.

Propos recueillis par RMC Sport