Doucouré : « L’athlétisme est un sport à deux vitesses »

Ladji Doucouré - -
Ladji, une nouvelle fois, les minima pour les Mondiaux de Moscou ne sont pas au rendez-vous...
Je sais que je les ai dans les jambes. Sauf que je ne fais jamais la même course. Soit je fais un mauvais départ et un bon milieu de course avec une fin difficile. Ou alors un bon départ sans que j’arrive, ensuite, à mettre du rythme. Après je me désunis et je fais ce que je faisais les années précédentes. Il y a trop de morceaux de puzzle qui ne sont pas encore fixés. Je recule les épaules à des moments alors que j’apprends à courir les épaules engagées. Il faut que j’arrive à arrêter de réfléchir et courir. Parce que pour l’instant, je suis en train de devenir un mec qui est fort à l’entraînement et pas en compétition et ça, ça m’énerve. Je déteste ça. Je déteste les gens comme ça et je deviens comme ça. A moi de refaire ce qu’il faut pour aller courir avec les autres devant. Ça va venir. Je suis dans une année de reconstruction, même si je ne devrais pas faire ça. Il faut que je déclenche un truc.
Qu’est-ce qui cloche ?
Je fais ce qu’il faut. Je m’entraîne dur, vraiment dur. Je suis surtout en train de me reconstruire pour les années à venir. On m’a poussé à changer. Je change. Cette année, ça va être difficile. Il y a des choses qui sont bonnes mais elles ne se mettent pas en place sur la piste et c’est frustrant. Je ne suis pas là où je devrais être. Mais je prends les choses dans le bon sens. A moi de garder la tête haute. C’est le changement. Je suis en train de morfler. J’ai eu l’habitude, depuis que je suis petit, à vite assimiler les choses à l’entraînement. Là, aux Etats-Unis, ils m’ont tout changé. J’arrive à le faire, sauf en compétition. A mon avis, c’est là-haut que ça se passe.
« Moi, je préfère galérer »
Un mot sur le contrôle antidopage positif de Tyson Gay et son forfait pour les Mondiaux ?
Je ne suis pas surpris. L’athlétisme est un sport à deux vitesses. Il y a ceux qui courent et qui galèrent, qui montent et descendent, qui se font à mal à l’entraînement et qui essaient de revenir. Ceux qui marchent bien et qui avaient galéré avant. Ceux comme moi qui ont une pointe de forme pendant 2-3 ans puis dont le corps se fait mal et qui redescendent. Et puis il y a ceux qui n’en ont rien à foutre et qui braquent des banques. C’est chiant à dire mais c’est comme dans le cyclisme. On sait comment ça se passe mais les gens aiment bien fermer les yeux et regarder le spectacle.
On vous sent remonté…
Moi, je préfère galérer. Quand je vais revenir, vous saurez pourquoi je pleurerai après. Parce que ce n’est pas facile. Parce qu’il y a des gens qui vont braquer des banques, jouent avec les règles alors qu’ils savent qu’ils vont tomber. Alors que d’autres préfèrent gagner leur vie dignement. Je ne vais pas dire que je suis surpris par Tyson Gay. C’est aussi pour ça que je n’ai pas voulu aller aux Etats-Unis et que j’ai choisi d’aller chez quelqu’un. Avec les rumeurs, on sait quel groupe « mange » ou quel groupe « ne mange pas. » On le sait. Alors je ne suis pas surpris.
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