Doucouré : « Une question de temps »

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Ladji, quelle est votre analyse après un nouveau chrono moyen au meeting de Sotteville (3e en 13’’44) ?
Ce n’est pas une course à 13’’50. Quand on regarde le départ, je sors devant tout le monde. Je suis devant un gars qui a été champion des Etats-Unis la semaine dernière (David Payne) et le Jamaïquain Thomas. Je commets une faute sur la 3e haie mais j’arrive malgré tout à me relancer. Je suis toujours devant. Mes intervalles sont rapides mais le problème, c’est que mon corps n’est plus habitué à aller vite. Je fais donc une grosse faute sur la sept qui me coupe dans mon élan. Mais c’est de bon augure pour la suite. Ca se gagne en 13’’36. C’est un chrono que j’aurais dû faire, voire même un peu moins. Le chrono n’est pas là mais au niveau technique, je suis content de ce que je réalise.
La frustration de mardi et du meeting de Villeneuve-d’Ascq a donc disparu (13’’62) ?
Il n’y a aucune comparaison à faire. Mardi, j’ai couru à l’envers. Hier, j’ai réussi à trouver de la vitesse très rapidement. La machine commence à trouver ses marques petit à petit. Le chrono va bien finir par tomber, je ne suis pas inquiet. En tout cas, il faudra signer un temps significatif avant les championnats du monde.
Même si votre meilleur chrono de la saison est de 13’’44, vous n’êtes donc pas inquiet…
Je ne dois surtout pas m’inquiéter. J’ai tout ce qu’il faut pour réaliser de bons championnats du Monde dans un mois et demi. L’année dernière, à la même époque de l’année, j’étais incapable de faire ce que je réalise aujourd’hui. C’est juste une question de temps. Pas mal d’anciens m’ont appelé pour me dire qu’il ne fallait surtout pas que je m’inquiète. Guy Drut m’a par exemple raconté qu’avant les Jeux de Montréal (1976), il avait couru en 13’’70. Pour lui, ce qui m’arrive est normal. Mon pic de forme est pour Berlin.
L’insouciance de vos 20 ans ne vous manque pas ?
Si, ça me manque ! Se mettre dans les starts sans se poser la moindre question, c’est plutôt agréable. Mais ce sont deux époques différentes. Plus jeune, mon corps encaissait facilement les efforts. Aujourd’hui, avec toutes les blessures de ces dernières années, je ne peux plus travailler de la même manière. Je rame pour aligner des chronos que je faisais avant sans me prendre la tête. Il y a quatre ou cinq ans, quand les anciens me disaient de profiter de ma jeunesse, je me demandais pourquoi ils me tenaient ce discours. Aujourd’hui, je suis en plein dedans. Je comprends le message ! (Rires)