Estelle Denis : "Mon objectif, c’est le chrono, pas le plaisir !"

Estelle Denis en avril dernier, à l'arrivée du marathon de Paris. - DR
Estelle, tu fais partie de ces 9,5 millions de Français qui pratiquent régulièrement la course à pied. Comment es-tu venue au running ?
J’ai fait de l’athlétisme quand j’étais plus jeune en 1991 après avoir vu les Championnats du monde de Tokyo. Je voulais faire du sprint et lors de mes premiers entraînements, j’ai tenu longtemps. On m’a dit alors que j’étais destinée à faire du demi-fond, j’étais dégoutée. Après, j’ai tout arrêté. En 2010 quand j’étais chez M6, Nathalie Renoux nous a poussées avec Aida Touihri et Laurence Roustandjee à faire les 20 Kilomètres de Paris. Je me sentais incapable, je faisais du cross ado, je pratiquais le 800m, 1500m… Mais je n’avais jamais couru plus de 10km de ma vie !
Le déclic ?
Puis j’ai commencé à me prendre au jeu, à m’entraîner régulièrement. Sur mes premiers 20 Kilomètres il y a 5 ans, je m’étais fixé 2h15 et je les ai courus en 1h58. Autant dire que j’étais hyper contente. Après, le virus est arrivé, j’ai refait de nouvelles courses avec de nouveaux objectifs.
Combien de fois t’entraines-tu par semaine et où ?
Deux fois par semaine en temps normal. Pour le Marathon de Paris, je me suis entraînée trois fois par semaine. En ce moment, je lève un peu le pied car je me suis blessée. J’ai horreur de courir en ville, raison pour laquelle je fais mes sorties running en bord de Seine, en banlieue parisienne.
Sur quel type de distance t’entraînes-tu et bénéfices-tu des conseils d’un coach ?
Lors du Marathon de Paris, mes séances étaient organisées par un coach, j’ai tout naturellement suivi son plan d’entraînement. A l’occasion des 20 Kilomètres de Paris, Christophe Pinna de la team Tom Tom encadrait un collectif de journalistes. Le coach est assez sévère, il m’a fait progresser. Mais sinon, le reste de l’année, je m’entraîne toute seule à raison d’une dizaine de kilomètres par sortie.
Quand tu cours, quel est ton objectif : chrono, distance, les deux ?
Ou la recherche du plaisir tout simplement ? La recherche du plaisir, pas du tout. C’est un peu contre moi-même. L’objectif, c’est le chrono ! Si je n’ai pas d’objectif, je n’y arrive pas. Je ne conçois pas courir pour m’entretenir, il faut que j’aie un but sportif.
Tu as couru ton premier Marathon à Paris en avril dernier. Quelles ont été tes sensations ?
J’ai adoré ça, c’est l’un des plus beaux moments de ma vie. Les gens sur le bord de la route qui t’encouragent, le fait d’être en communion totale avec les autres, c’est un moment de partage extraordinaire. Toute ma famille était venue me soutenir, mon compagnon et mes enfants, un grand souvenir. Préparer un marathon, c’est dur. En début d’année, il fait froid, la motivation n’est plus là. Certains moments ont été difficiles, tu es seule. Arrive le jour du Marathon, tu te dis que les autres ont enduré les mêmes souffrances.
Et quel sentiment t’a envahi à l’arrivée ?
Une fierté énorme, un sentiment d’accomplissement, d’être un peu un héros. Le lendemain au boulot, tout le monde t’en parle. Les gens te regardent différemment, ça ne dure que 24h mais ces heures-là sont belles. Tout le monde te félicite ! J’ai gardé fièrement le tee shirt de finisher, d’ailleurs, comme quand tu as de nouvelles affaires le jour de la rentrée scolaire ! Je me suis empressée de courir avec. C’est une fierté de gamin, tu veux le montrer à tout le monde, encore plus que la médaille !
Comme tout grand sportif qui se respecte, tu as un prochain défi en tête ?
Au moment du marathon, j’avais très envie d’en faire un deuxième. Ça a duré une semaine cette petite euphorie… J’ai enchaîné trop rapidement avec le Mud Day, quelques douleurs sont apparues, il faut que je me repose. J’ai envie de passer sous les 4h (créditée d’un chrono de 4h10 à Paris), je pense que c’est possible d’autant qu’à la fin du marathon, je n’étais pas très courbaturée. J’aurais pu faire mieux. J’aimerais bien le Trail, mon rêve absolu est le Marathon des Sables. J’aime beaucoup l’idée d’aventure !
On t'a vu l'année dernière prendre le départ de The Mud Day avec Raymond Domenech. Vous courez souvent ensemble ?
Jamais ! Ce n’est pas possible, la course à pied en couple, c’est un motif de divorce. Avoir quelqu’un derrière, ça me stresse. Devant, je ne t’en parle même pas ! D’autant plus que Raymond est entraîneur, il a l’habitude d’encadrer des joueurs. Les conseils, ça a le don de m’énerver. En revanche, il est toujours là pour me soutenir. Pour le marathon, il m’a suivie sur tout le parcours, c’était adorable !
