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Florian Rousseau à la rescousse de l’athlétisme français avant les JO de Tokyo

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Le triple champion olympique de cyclisme sur piste Florian Rousseau arrive à la rescousse de la Fédération Française d’Athlétisme comme directeur de la très haute performance. Il débarque en soutien du DTN Patrice Gergès, toujours en poste. Florian Rousseau est unanimement loué pour ses qualités de management, mais pour beaucoup, il est trop tard pour Tokyo.

Nommé directeur de la très haute performance de la Fédération française d'athlétisme, Florian Rousseau est là pour "sauver la maison Bleue" selon Jean-Claude Vollmer, entraîneur reconnu dans l’athlé français. Pour l’ancien perchiste Jean Galfione, "c’est courageux d’arriver maintenant car les dés sont jetés pour Tokyo". En effet, l’athlétisme tricolore traverse une période houleuse. Deux médailles et un bilan riquiqui de six finalistes seulement aux derniers Championnats du Monde de Doha, sans oublier les affaires récentes de dopage (Calvin, Amdouni, Claude-Boxberger). Le Directeur Technique National, Patrice Gergès, s’est retrouvé au cœur d’une tempête médiatique, considéré comme le responsable de la déroute. Mais il est toujours en poste, "et il n’a jamais été question de s’en séparer" affirme le président de la FFA André Giraud, "c’est un excellent DTN".

"Le DTN du tennis n’est pas le capitaine de la Coupe Davis!"

Patrice Gergès va désormais partager le pouvoir pour le très haut niveau. Le président Giraud s’appuie sur les exemples du tennis ou du football pour justifier son choix. "Le DTN de la Fédération de Tennis n’est pas le capitaine de la Coupe Davis, pas plus que Didier Deschamps n’est le DTN du foot français. Il fallait renforcer le très haut niveau. Patrice Gergès est d’accord. Nous avons travaillé ensemble pour valider ce choix." Le président Giraud a en effet proposé l’arrivée de Florian Rousseau à la Ministre des Sports Roxana Maracineanu dès le 8 octobre, à peine descendu de l’avion en provenance du Qatar. "C’est ma décision de président, et ce n’est en aucun cas dicté par la Ministre."

Rousseau-Gergès, un attelage explosif?

Pour les détracteurs de Patrice Gergès, l’arrivée de Florian Rousseau est une preuve de plus de la mise à l’écart de l’actuel DTN. Le Président Giraud remet les pendules à l’heure. HOn réforme totalement la gestion du sport de haut niveau. "Patrice reste le DTN avec toutes ses prérogatives, les territoires, la détection, l’anti dopage, et le haut niveau mais il sera épaulé par Florian pour cette haute performance." Selon Jean-Claude Vollmer, si l’ancien pistard s’est engagé auprès de la FFA, c’est que "les choses sont claires, il ne sait pas travailler dans le flou". Et d'ajouter, "quand ça ne lui plait pas, il sait claquer la porte, il l’a fait à la Fédé de cyclisme". Jean Galfione craint pourtant la cohabitation entre les deux hommes. "Patrice Gergès ne part pas et c’est compliqué. Qui aura le rôle du patron? Ça va être difficile de sauver la baraque dans ces conditions."

Humble, travailleur, franc: Rousseau est un manager reconnu

Florian Rousseau trimballe avec lui une solide réputation. Triple champion olympique en cyclisme sur piste, entre Atlanta 1996 et Sydney 2000, il est "efficace, travailleur, discret et très humble" selon Jean-Claude Vollmer. Pour Bruno Lecki, manager à la Fédération Française de Cyclisme, "ses résultats énormes parlent pour lui. J’aime l’homme et sa façon d’être, il va écouter, observer et analyser en profondeur ». Ancien entraîneur national de cyclisme, il a été directeur de la Mission d’Optimisation de la Performance à l’INSEP.

"Il a une très grande culture sportive, il connaît très bien les rouages du sport de haut niveau et c’est un visionnaire avec toujours un coup d’avance", apprécie Jean Galfione, compagnon de route de Florian Rousseau dès ses jeunes années de sportifs à l’INSEP. Dans le contexte compliqué de la FFA, Florian Rousseau devra apporter sa rigueur, son souci du détail et sa franchise. Les athlètes aussi saluent cette arrivée, comme le champion du monde du 800m en 2017 Pierre-Ambroise Bosse, "c’est un bon mec, peut-être qu’il manquait un pilier et la fédé a bien réagi".

"Trop tard pour Tokyo", selon Galfione

L’année 2020 s’avère capitale pour l’athlétisme français. Les Jeux Olympiques de Tokyo comme évènement principal, mais juste derrière auront lieux les Championnats d’Europe de Paris, et c’est la rampe de lancement vers les Jeux de Paris 2024. Jean-Claude Vollmer espère que Rousseau apportera son expertise sur le long terme, "pour les Jeux de Paris, car le délai pour Tokyo est trop court". "C’est trop tard" aussi pour Jean Galfione. "Ce serait un véritable exploit de sauver les meubles. Il a du courage de se lancer là-dedans." Leslie Djhone, recordman de France du 400m, accueille la nouvelle avec plus d’optimisme, "il faut prendre les décisions, que ce soit aujourd’hui ou demain, il faut bien essayer à un moment donné". Et si Florian Rousseau n’est pas issu du sérail de l’athlétisme, ce qui peut être un frein pour certains "puristes", l’expérience Ghani Yalouz, ex DTN en provenance de la lutte, a prouvé qu’un "œil extérieur pouvait faire un bien fou" selon Bruno Lecki. Florian Rousseau prendra ses responsabilités le plus rapidement possible. Il doit d’abord être libéré de ses obligations auprès de l’INSEP, ce qui devrait avoir lieu d’ici au 15 janvier maximum.

Aurélien Tiercin