Gezzar, itinéraire d’un athlète paumé

Nour-Eddine Gezzar - -
Il avait pourtant promis qu’il ne replongerait pas. Déjà suspendu deux ans en 2006 après un contrôle positif à la nandrolone et à un diurétique, Nour-Eddine Gezzar a de nouveau été contrôlé positif. Cette fois-ci, c’est lors des championnats de France (15 au 17 juin à Angers) que l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), en collaboration avec la Fédération internationale (IAAF), a confondu le coureur de 3000m steeple, qualifié pour les JO. En cause : des valeurs « hemato » anormales confirmant une prise d’EPO. « Dans l’attente de l’analyse de l’échantillon B, demandée par l’athlète, la Fédération Française d’Athlétisme a décidé de suspendre à titre conservatoire M.Gezzar, détaille laconiquement un communiqué de la Fédération Française. Aucun autre commentaire ne sera fait par la FFA avant la communication des résultats de cette contre-analyse qui devrait avoir lieu dans le courant de la semaine prochaine. »
Dans l’entourage de l’athlète, on oscille entre incompréhension et désolation. « Je suis tombé de haut parce que c’est inexplicable, peste Irba Lakhal, entraîneur fédéral et en charge de Gezzar depuis deux mois. Pour moi c’est de la trahison. Je suis très déçu. » Il faut dire que le parcours du natif de Clermont n’a rien d’un long fleuve tranquille. A la sortie de sa première suspension il y a quatre ans, il sollicite le Martigues Sport Athlétisme. Le club refuse de l’intégrer en raison de son passé et sa suspension. Gezzar trouve donc une structure à Clermont. Puis l’année suivante, il tape de nouveau à la porte de Martigues. Le club provençal accepte finalement, tout en précisant qu’il ne pourra pas trop l’aider financièrement.
Maazouzi : « Il faisait pitié »
« C’était un challenge pour lui, se souvient le président du club, John Patin. On lui a ouvert les portes du club. C’était son souhait et sa motivation de redorer son blason. On a adhéré à son projet. On s’aperçoit qu’aujourd’hui, quand on a triché une fois, on peut tricher une deuxième fois. » A l’époque, Gezzar est très discret. On ne le voit pas trop à Martigues, seulement lors des stages. Il revient alors à un niveau honorable l’année dernière et annonce son choix de quitter Martigues après les championnats de France 2011 à Albi. Le club ne s’y oppose pas. Sauf que Gezzar ne trouve pas de point de chute.
Il rappelle Martigues en novembre dernier. Nouveau deal : il se fait payer le stage à condition de participer aux interclubs et aux championnats de France. Il accepte, mais depuis décembre, plus de nouvelles. A l’époque il s’entraînait avec Driss Maazouzi, médaillé de bronze des championnats du monde de 2001. « La seule chose qui m’a donné la motivation de l’aider, c’est qu’il était complètement à côté, explique celui qui l’a conseillé pendant six mois l’année dernière. Il faisait pitié. C’était triste. Il n’avait pas de contrat, rien. Je me suis dit que j’allais essayer de lui montrer les grandes lignes à l’entraînement. » Après ce nouvel écart, Gezzar risque une suspension à vie. Et pourtant, il avait promis de ne pas replonger.