
Marathon des Sables : Lahcen Ahansal, le prince du Sahara

Du 5 au 13 avril, Lahcen Ahansal participera à son 18ème marathon des Sables. - AFP
Lahcen Ahansal, qu’est-ce qui vous pousse à revenir sur le marathon des Sables, après six ans d’absence ?
J’ai toujours eu l’objectif de remporter le marathon des Sables dix fois. J’ai réussi. Mais en même temps, j’ai aussi l’objectif d’y participer vingt fois. Je l’ai déjà fait à dix-sept reprises. Du 5 au 13 avril, ce sera la 18ème fois. Et j’aimerais bien retourner au marathon des Sables avec autre chose, pas pour le podium. Parce qu’on ne peut pas gagner toute la vie. C’est le sport. J’ai eu l’idée d’accompagner et d’aider quelqu’un qui est aveugle. C’est un Allemand qui s’est inscrit au marathon des Sables et les organisateurs lui ont dit qu’il ne pouvait pas le faire sans guide. Dès qu’ils me l’ont demandé, j’ai répondu oui sans hésiter. J’ai envie de revenir au marathon des Sables dans une démarche altruiste.
Qu’aviez-vous que les autres n’avaient pas pour remporter la course à dix reprises ?
C’est quelque chose qui n’est pas facile. On peut l’attribuer au travail, à la tactique, à l’intelligence, mais surtout à la grande expérience que j’ai engrangée pendant les éditions où j’ai participé au marathon des Sables. D’autre part, je peux dire que je suis un fils du désert. J’y ai appris beaucoup de choses, notamment la tactique, la façon de courir, comment avoir la patience pour traverser une immense distance dans le désert, avec le temps et tous les paramètres physiques.
Pensez-vous que les Européens ont leurs chances sur le terrain de jeu des Africains ?
Tout est possible. Avant moi, il y avait un Russe, qui vivait donc en Russie, avec des températures de -25°C. Il a gagné le marathon des Sables trois fois. Ça veut dire que ce n’est pas qu’une question de climat. Il y a aussi le courage, puis surtout le mental. Quand on parle du désert à la plupart des Européens, ils ont des a priori. D’emblée, avec cette peur, ils perdent de l’influx. D’un autre côté, j’ai fait des trails en Europe, dans la nuit, dans la glace, et pourtant j’ai gagné. Ça veut dire que dès qu’on se prépare bien, dès qu’on est bien mentalement et physiquement, on peut gagner dans n’importe quelle condition.
Comment rendez-vous au marathon des Sables ce qu’il a pu vous apporter dans la vie ?
Ma vie est parallèle au marathon des Sables. Il m’a donné de la chance, m’a ouvert des portes en me permettant de visiter le monde entier et d’avoir des amis de toutes les nationalités. J’ai appris plus de choses grâce au marathon des Sables que grâce à l’école. J’ai appris comment accepter la nature, comment la laisser propre… Grâce au marathon des Sables, j’ai aussi pu gagner ma vie. Avec mon frère, j’ai créé une société de tourisme qui organise du trekking, des randonnées et des circuits touristiques au Maroc, pour montrer la diversité de ce pays. Il y a onze ans, on a aussi commencé à organiser des trails au Maroc. Il y a des enfants qui aimeraient bien courir mais qui n’ont pas les possibilités, ils ne peuvent pas s’entraîner. Avec nos petits moyens, on essaie toujours de leur donner la chance de faire des trails et des marathons qu’on organise. On ne gagne pas beaucoup avec ça, mais ça nous fait plaisir.