Mondiaux de para athlétisme: Manon Genest, une jeune maman première médaillée française

Manon Genest à Paris le 11 juillet 2023 - Icon Sport
Elle s’avance en zone mixte tout sourire, encore excitée de ce qu’elle vient de vivre. En faisant un bond à 4,76m, Manon Genest vient de débloquer le compteur tricolore dans ces championnats du monde de para athlétisme à Paris. "C’est ma première médaille mondiale, d’être la première de l’équipe de France je crois que je ne réalise pas encore. Je suis sur mon petit nuage", savoure-t-elle avant de se rappeler ses derniers championnats du monde. "A Dubaï en 2019, j’attendais la première médaille de mes coéquipiers car on sait que ça donne un coup de boost, c’est une médaille d’équipe."
Celle qui souffre d’une hémiplégie de l’hémicorps gauche a été motivée par Trésor Makunda et Timothée Adolphe, qualifiés ce matin pour la finale du 400m T11 (déficients visuels) et premiers à décrocher des quotas pour les Jeux paralympiques l’an prochain "Ils m’ont donné l’envie. Je leur ai dit que j’allais aller chercher cette première médaille et qu’ils feraient la suite." Alors Manon Genest a sauté une première fois pour décrocher son record personnel à 4,72m puis une sixième et dernière fois pour l’améliorer.
"Merci Paris !"
Poussée par un public de Charléty acquis à sa cause au point d’agiter des panneaux représentant son propre visage aux côtés de drapeaux tricolore, Manon Genest consulte son ami Dimitri Pavadé, sauteur de l’Equipe de France blessé pour ces Mondiaux mais présent en tribunes.
Lui, lui demande de "lâcher les chevaux". Elle, lui promet de le faire. La championne du monde de triathlon 2016 lance alors son premier clap de la compétition, suivie par le public parisien. "J’ai essayé de faire abstraction sur les premiers sauts car je me disperse pas mal. Je sais que sur le dernier saut j’allais finir au moins troisième", explique-t-elle, reconnaissant avoir connu "un clap comme jamais je n’ai vécu, je n’ai jamais couru comme ça. Ce record il est pour le public de Charléty, merci Paris et en route tous ensemble pour les Jeux de 2024." Car en plus de la médaille, Manon Genest décroche un nouveau quota pour les Paralympiques de l’an prochain auxquels elle pense fortement, déjà certaine de la difficulté de l’épreuve. "Le niveau monte, regardez la Chinoise (Xiaoyan Wen) qui bat son propre record mondial (championne du monde avec 5.33m)".
Jeune maman comblée
En attendant 2024, celle qui va "reprendre l’entraînement en septembre" va pouvoir profiter de sa famille. Car si sa performance est remarquable, l’exploit est d’autant plus retentissant que la Berrichonne a accouché il y a 15 mois seulement d’une petite fille à qui elle a "pris les mains avant (mon) dernier saut", pour lui dédier ensuite sa médaille. "Je n’ai pas de mots, c’est merveilleux. Ce n’était pas gagné d’avance que je sois sélectionnée, que je sois à ce niveau-là. J’espère prouver que c’est possible de revenir après une grossesse."