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Yalouz : « Un combat permanent contre les tricheurs »

Ghani Yalouz

Ghani Yalouz - -

Directeur Technique National, Ghani Yalouz s’est exprimé sur les récentes affaires de dopage dans l’athlétisme. L’ancien lutteur français estime que les Français doivent mouiller le maillot lors des prochains championnats du monde à Moscou (10-18 août). Qu’importe le résultat.

Quelles sont les conséquences des aveux de dopage de Tyson Gay et Asafa Powell, notamment sur l’image de l’athlétisme ?

On ne peut que se féliciter de l’action qui est menée par l’IAAF (International Association Athletics Federations, ndlr). Seules la Fédération Internationale de Cyclisme et la Fédération Internationale d’Athlétisme réalisent des prélèvements sanguins. C’est un combat permanent contre les tricheurs. Même si vous êtes une star, il n’y a pas de passe-droits. Il n’y a pas besoin d’avoir des substances illicites pour faire des performances. Depuis les championnats du monde de Daegu en 2011, l’IAAF a déclenché cette opération avec les prélèvements sanguins. Mais il va falloir encore du temps. Des tricheurs, il y en aura toujours.

Les athlètes se défendent en prétextant qu’ils ont été contaminés par un complément alimentaire fourni par leur préparateur physique. Ce procédé pourrait-il arriver en équipe de France ?

Bien sûr. L’athlète est un radar effectif. Il a son entraîneur, son environnement. Il a confiance. Il a besoin d’être rassuré en permanence. Je pense qu’en France, nous sommes dans la prévention et l’accompagnement. Les athlètes tricolores ont conscience qu’il ne faut ni boire ni manger n’importe quoi. Il faut faire attention à tout. C’est la base de l’éducation même si c’est limite être paranoïaque. Il y aura toujours des malhonnêtes. A l’heure actuelle, la France montre une action de prévention. J’en suis très heureux.

Ces cas de dopage sont-ils des bonnes nouvelles pour les sprinteurs français comme Jimmy Vicaut ou Christophe Lemaitre ?

Le combat va être dur à mener. Lorsque vous voyez la densité en Jamaïque, aux Etats-Unis, au Kénya, ça parait compliqué. Le bon esprit est de se dire que mettre les athlètes dans une forme de crainte, c’est très important. Le sport sera encore plus sain.

« Il ne faut pas enterrer Lemaitre »

Qu’espérez-vous de Jimmy Vicaut et Christophe Lemaitre sur les prochains championnats du monde à Moscou (10-18 août) ?

Christophe a sublimé l’équipe de France. Il est triple champion d’Europe à Barcelone en 2010. Il finit troisième aux championnats du monde de Daegu en 2011. Il est encore champion d’Europe à Helsinki sur 100m en 2012. C’est quelqu’un qui a été déclencheur de l’émulation française. L’équipe de France a plaisir à vivre ensemble. L’athlétisme est un sport individuel qui progresse collectivement. En ce moment, Christophe n’est pas au top. Il reste encore cinq semaines pour Moscou. Il ne faut pas l’enterrer trop tôt.

Avez-vous un pronostic pour le nombre de médailles que récoltera l’équipe de France ?

Le plus possible. En ce moment, en France, nous sommes dans une relance de la pratique féminine. Pour moi, Myriam Soumaré représente les filles françaises. Je suis un grand fan. J’aimerais que toutes les filles la prennent en exemple. Elle se donne à fond. Même blessée sur les championnats de France à Charléty ce week-end (12-14 juillet), elle a tout donné. Elle est prête à mourir sur la piste. La Fédération Française a à cœur de développer la pratique féminine. Marie-José Perec, Mehdi Baala, Christine Arron, Jean Galfione sont des ambassadeurs de choix. Ils essaient de transmettre des messages aux jeunes. Il est impossible de faire des pronostics. Nous ne sommes pas au PMU. Mais en France, nous avons des grands talents. Je leur souhaite de mouiller le maillot. Le maillot de l’équipe de France est une responsabilité et non une récompense. Soyons positifs.

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Propos recueillis par Pierre Fesnien