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A Bahreïn, la colère gronde sous les moteurs

Des opposantes au régime s'en prennent à Bernie Ecclestone, grand argentier de la F1

Des opposantes au régime s'en prennent à Bernie Ecclestone, grand argentier de la F1 - -

Comme l’an dernier, le GP de Bahreïn, quatrième manche du championnat, se déroulera dans un climat d’insurrection dans le pays. La FOM et la FIA font la sourde oreille aux appels des manifestants et de certains membres de la famille de la F1 qui demandent l’annulation.

Comme l’an dernier, la rue gronde pendant que la planète F1 prend ses quartiers sur le circuit de Sakhir. Depuis plusieurs jours, Manama, la capitale de Bahreïn, est émaillée de manifestations hostiles à la dynastie sunnite des Al-Khalifa, pour la troisième année consécutive. Les opposants chiites, majoritaires dans le pays, utilisent le GP pour se faire entendre, alors que d’ordinaire ce micro-Etat du golfe Persique est fermé au monde extérieur.
« Le GP est une opportunité, on a besoin des journalistes, explique Said Yousif Almuhafdah, dirigeant du Bahrain Center for Human Rights. On a besoin que le monde sache ce qui se passe dans notre pays. » Autorisés le temps du GP, les journalistes n’ont pas accès au royaume.

« Non à un GP ensanglanté »

Depuis l’annulation de l’édition 2011, pour cause de Printemps arabe réprimé dans le sang (60 victimes), Bahreïn vit dans un état d’insurrection larvée. Les violences connaissent un pic quand la caravane de la F1 débarque dans la péninsule. Les autorités en profitent pour resserrer leur poigne sur la population. Utilisant une rhétorique éculée, le pouvoir accuse l’Iran chiite de manipuler l’opposition. « La répression s’intensifie pendant le GP », affirme Almuhafdah.

Romain Grosjean (Lotus) a gardé un très mauvais souvenir des évènements de 2011, alors qu’il courait en GP2. Cette année, les affrontements ont débuté mi-mars, et se répètent. Trois voitures ont brulé. « On n’a rien contre la F1, mais par respect pour toutes les victimes, on demande à ce que le GP n’ait pas lieu », demande l’activiste. Le mouvement radical, « Collectif du 14 février », va plus loin, brûlant des tickets de F1 ou faisant circuler sur les réseaux sociaux des photos de Bernie Ecclestone barré d’un grand X : « Non à un GP ensanglanté ».

Un week-end sous haute tension

Le détenteur des droits de la F1 ne faiblit pas. Pour Ecclestone la tenue du quatrième GP de la saison, des plus juteux (30 à 40M€ la saison), est une évidence. Tout juste l’Anglais a-t-il évoqué la possibilité de rencontrer les opposants. Jean Todt, le président de la FIA, est sur la même longueur d’onde. Pas de politique. Certains reprochent au Français de ne pas venir dimanche à Sakhir, alors que le paddock s’apprête à faire face à un week-end sous haute tension. En 2012, les deux hommes avaient maintenu le rendez-vous, malgré la polémique. Cette année, leur intransigeance a suscité des réactions, y compris en Angleterre, pays de la F1.

Damon Hill, l’ancien champion du monde, consultant sur Sky, a demandé l’annulation. Les deux hommes, longtemps opposés sur l’avenir de Silverstone, n’en sont pas à leur première divergence. Une vingtaine de députés britanniques ont écrit au patron de Formula One Management, resté sourd. Vendredi, une manifestation anti-régime est prévue, le jour des essais libres. Autour de Sakhir, la police veillera, un tank est d’ailleurs déjà posté, et les militaires sont en alerte en cas de débordements. « Le pouvoir veut l’argent et les médias, affirme Almuhafdah, mais la situation est hors de contrôle. »

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Louis Chenaille (avec A.A.)