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F1: émotions, frayeurs... les meilleurs et pires souvenirs de Romain Grosjean

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. Avant le Grand Prix de Russie où il disputera dimanche sa 159e course de sa carrière, le pilote français Romain Grosjean est revenu, pour RMC Sport, sur ses exploits mais aussi sur ses peurs et ses échecs en Formule 1.\n

Quel est votre meilleur souvenir en Formule 1 après neuf saisons et 158 Grands Prix?

C’est une question à laquelle il est quasiment impossible de répondre. Il y a tellement de belles émotions tout au long d’une carrière que c’est compliqué d’en choisir une seule. J’ai dix podiums, donc forcément, cela représente dix supers souvenirs. Maintenant, je ne vais pas me creuser la tête trop longtemps et vais choisir le bon moment le plus récent : l’Autriche en 2018, où l’on obtient le meilleur résultat avec Haas, en terminant quatrième, et même cinquième avec Kevin, ça avait été une super course.

Et à l’inverse, votre pire souvenir?

Le pire souvenir… (il réfléchit). Il y en a aussi quelques-uns qui remontent à la surface quand j’y repense. Il y a bien évidemment Spa, en 2012 (il avait causé un carambolage au départ, la FIA avait décidé de le suspendre un Grand Prix). Le Japon, en 2012, a été très dur aussi (il a percuté Mark Webber au deuxième virage, l’Australien l’avait ensuite qualifié de "cinglé du premier tour"). Mais celui que j’ai eu le plus de mal à digérer, c’est mon erreur derrière le Safety Car à Baku l’an dernier.

Quel est votre plus grand regret? Valence en 2012 et les Etats-Unis en 2013, deux Grands Prix où vous êtes passé proche de la victoire?

Etonnement, ce n’est pas ça mon plus grand regret. Si je dois évoquer un Grand Prix que j’aurais dû gagner, que j’avais même remporté, c’est le Grand Prix d’Allemagne en 2013. Malheureusement, la voiture de Jules Bianchi est revenue en arrière sur la piste et la voiture de sécurité a été déployée au pire moment pour ma stratégie de course. J’avais course gagnée ce jour-là. Sinon, mon plus grand regret, c’est qu’après 2013, nous n’ayons pas pu continuer sur notre lancée avec Lotus. Et puis, j’ai eu mon problème avec le système de récupération d’énergie sur la monoplace début 2013, qui ne m’ont pas permis d’avoir le même rendement que mon coéquipier Kimi Räikkönen. Sans ces soucis, j’aurais pu faire deuxième ou troisième du championnat du monde des pilotes cette année-là.

Quelle a été votre meilleure course depuis vos débuts en Formule 1?

J’ai la prétention de dire qu’il y en a eu quelques-unes quand même après 158 Grands Prix (rires). J’essaye de remonter un petit peu, mais cette année par exemple, j’ai réalisé une très belle course à Spa, en Belgique. Cela ne s’est pas vu parce que je me suis retrouvé bloqué derrière Daniel Ricciardo. Nous n’avions pas assez de vitesse de pointe pour le dépasser. En début de course, j’allais trois secondes plus vite que ce que nos prédictions, donc ça ne devait pas être si mauvais que ça.

Quelles ont été les pires courses de votre carrière? Celles où dès le début du week-end, vous sentez que la monoplace ne fonctionnera pas?

Le Mexique. Les trois années avec Haas, ça a été à chaque fois très compliqué. On va au Mexique, mais on a peur.

Quelle est la manœuvre qui te rend le plus fier?

Je vais encore créer une polémique (rires). Il y a eu quelques jolis dépassements. Bien évidemment, je pense tout de suite à celui sur Massa en Hongrie, en 2013, à l’extérieur du virage n°5 je crois. J’ai été pénalisé pour ce dépassement, donc je n’étais pas tout à fait dans les limites de la piste, mais il était sympa. Plus récemment, à Singapour, sur Daniel Ricciardo, à l’extérieur du virage n°13 en passant sur le pont côte à côte, c’était pas mal aussi.

Quelle a été votre plus grosse émotion?

Hum… (il réfléchit longuement). Ecoutez, des émotions négatives et positives, on en a beaucoup en Formule 1. Si je dois choisir les bonnes émotions, les 10 podiums sans hésiter.

Quelle a été votre plus grosse frayeur?

Ici même en Russie, en 2015. C’est de loin mon plus gros accident. J’ai heurté les pneus à 285 km/h. Je me souviens avoir eu le temps de me dire ‘là ce n’est pas bon. Si je m’en sors avec une jambe cassée, j’ai de la chance’. Finalement, j’ai eu encore plus de chance que ça parce que je suis sorti de la voiture tout seul et sans blessure. Le plus frappant, à partir du moment où vous sentez que vous ne rattraperez plus la voiture, c’est que le temps paraît interminable jusqu’à ce que vous heurtiez le mur. On a en réalité le temps de penser à beaucoup de choses et je me souviens avoir lâché le volant, mis les mains autour des harnais en m’accrochant le plus fort possible. J’ai eu beaucoup de chance de m’en sortir sans une égratignure.

Propos recueillis par Lucas Vinois