F1 : Lotus n’est pas parti pour faner

Kimi Räikkönen - -
Jamais Kimi Räikkönen n’a aussi bien porté son surnom d’Iceman. Dimanche à Melbourne, le Finlandais a froidement assommé la concurrence pour offrir à Lotus la course d’ouverture de la saison de F1. En s’arrêtant deux fois contre trois pour les Ferrari et les Red Bull, le champion du monde 2007 a parfaitement maitrisé les évènements sur le circuit de l’Albert Park. « Cette stratégie à deux arrêts, c’était notre plan, j’étais confiant sur l’usure de mes pneus », a réagi le leader du championnat. Toujours aussi rare en commentaire, l’homme venu du Nord a comblé une écurie Lotus que l’on n’attendait pas autant à la fête. « On se battait pour faire 4 ou 5 », a expliqué l’autre pilote de la marque au Losange, le Français Romain Grosjean (10e), frustré lui par les ennuis mécaniques de sa E21. Preuve que le succès de Lotus n’est pas usurpé, Räikkönen a signé son meilleur chrono (1'29''274) au 56e tour (sur 58).
« Kimi a mieux maitrisé la gomme », analyse Patrick Tambay, membre de la Dream Team RMC. Le pilote roulait avec des pneus durs depuis 22 tours. « On a cru à la victoire à partir de la mi-course », raconte le team principal de Lotus, Eric Boullier. Tout sauf un hasard donc. Troisième l’an dernier, avec une victoire à Abu Dhabi, Räikkönen avait déjà impressionné le milieu de la F1, alors qu’il revenait de deux saisons de WRC. En Australie, il a, à 33 ans, une nouvelle fois démontré toute l’étendue de son expérience dans la gestion de son matériel. Chez Pirelli, fournisseur exclusif des monoplaces pour les saisons 2011/2013, on salue le maestro. « Räikkönen et Lotus ont compris à la perfection les pneumatiques en utilisant une stratégie à deux arrêts alors que leurs rivaux ne sont pas parvenus à l'appliquer, applaudit le patron du manufacturier italien, Paul Hembery. C'était une leçon de maîtrise des pneumatiques. »
Les félicitations de Ferrari et McLaren
Le patron de Ferrari, satisfait après les performances de Fernando Alonso (2e) et de Felipe Massa (4e), exprime aussi son admiration pour l’homme qui avait offert le dernier titre à la marque au Cheval cabré (2007). « Lotus a confirmé être très constante, comme vu lors des essais hivernaux, indique Stefano Domenicali. La victoire de Räikkönen n’est pas une grande surprise. » Reste maintenant à savoir si ce coup de maitre relève du génie de Räikkönen ou de la performance de la Lotus. Les soucis de Grosjean, certes très prudent au départ de Melbourne afin de ne pas rééditer les accidents de la fin de saison dernière, indiquent-ils que les deux monoplaces n’ont pas reçu les mêmes développements ? Le Français a annoncé qu’il entendait y voir plus clair. « Si ça a marché pour Kimi et pas pour moi, il y a une explication. Donc on va la trouver et on va remettre les pendules à l’heure. »
Les concurrents n’ont pas attendu la perf du Finlandais pour s’intéresser de près à la Lotus. Dimanche sur la grille de départ l’ingénieur en chef de Red Bull, Adrian Newey inspectait les voitures de ses rivaux, un carnet et un stylo à la main. Il est longtemps resté devant la Mercedes de Lewis Hamilton et bien sûr, devant l’E21 de Räikkönen. Convaincante à Barcelone lors des essais hivernaux, la Lotus fait peur. L’écurie britannique est bien décidée à profiter des malheurs de McLaren pour engranger un maximum de points en ce début de saison. Pour le moment, les adversaires restent fairplay. L’un des premiers à avoir félicité Boullier après le Grand Prix a été le patron de…McLaren, Martin Whitmarsh. « J’espère que nous pourrons répéter la performance fantastique de Kimi le week-end prochain et cette fois avec les deux voitures », lance de son côté James Allison, directeur technique de Lotus. A Sepang (Malaisie), dès ce week-end, Lotus cherchera à confirmer ce coup d’éclat.