F1: pourquoi Renault vit un début de saison si compliqué

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L'écurie Renault qui ne vise ni plus ni moins que le titre à l’horizon 2021, et le podium en 2020, est en grande difficulté depuis le début de la saison. Au classement pilotes, Daniel Ricciardo occupe la 12e place avec 6 points, un rang devant son coéquipier, l’Allemand Nico Hulkenberg, qui compte le même nombre d’unités. L’un comme l’autre ont inscrit l’ensemble de leurs points lors d’une seule course: l’Australie pour Hulkenberg (7e à l’arrivée à un tour du vainqueur Valtteri Bottas), la Chine pour Ricciardo (7e à l’arrivée à un tour du vainqueur Lewis Hamilton).
Hulkenberg (n°27): 7e en Australie / Abandon à Bahreïn (casse moteur) / Abandon en Chine (problème moteur) / 14e en Azerbaïdjan / 13e en Espagne.
Ricciardo (n°3): Abandon en Australie (monoplace endommagée dès le départ) / Abandon à Bahreïn (casse moteur) / 7e en Chine / Abandon en Azerbaïdjan (accrochage avec Kvyat) / 12e en Espagne.
Problèmes multiples
Les problèmes du constructeur français sont multiples. A commencer par la fiabilité qui n’a pas épargné les pilotes depuis le début de saison - deux abandons en cinq courses pour Nico Hulkenberg, trois abandons en cinq courses pour Daniel Ricciardo. Alors que nous sommes bientôt au quart de cette saison (5 Grands Prix disputés sur 21), la position de Renault au classement constructeurs est préoccupante: 8e sur 10, avec 12 points. L’écurie au losange ne devance donc que Toro Rosso et Williams, qui n’inscrira, sauf miracle, aucun point cette saison tant les performances des monoplaces sont en-deçà de la concurrence.
Devant Renault au classement, on retrouve des écuries comme Racing Point ou encore Haas, qui ne sont pas des écuries constructeurs et qui disposent de moyens beaucoup moins importants que le constructeur français, même s’il convient de rappeler que Racing Point est équipée du moteur Mercedes et Haas du moteur, de la boîte de vitesses et aussi des suspensions Ferrari.
Un discours de façade
Si face caméra, on tente de faire bonne figure et on affirme que la situation va s’arranger, en off, le discours n’est pas du tout le même. Le châssis de la monoplace n’est pas aussi bon qu’escompté, celle-ci manque donc d’appui. Ce qui a pour conséquence principale d’empêcher les pilotes d’aller très vite dans les virages. Pour corriger cela, il existe une solution: générer plus d’appui avec les ailerons, mais cela influe négativement sur la vitesse de pointe en ligne droite puisque la trainée (résistance à l’air) s’en trouve augmentée.
Pour ce qui est de la puissance moteur, là-aussi Renault ne rayonne pas. Le bloc propulseur français est encore loin des performances affichées par celui de Ferrari ou encore de Mercedes. Par rapport au Honda, il est assez difficile de tirer des conclusions. Même si les données GPS indiquent que le moteur japonais est un peu au-dessus.
Toutefois, pointer du doigt le moteur et uniquement celui-ci serait une erreur. Pourquoi ? Parce que McLaren, écurie anglaise basée à Woking, elle aussi équipée du moteur Renault, figure à la 4e place du classement constructeurs avec 22 points marqués depuis le début de la saison (12 par l’intermédiaire du rookie Lando Norris et 10 grâce à l’Espagnol Carlos Sainz). Cela montre donc que le problème se situe davantage au niveau du châssis. D’autant plus que le duo de pilotes Ricciardo / Hulkenberg affiche 316 Grands Prix / 7 victoires / 29 podiums / 4 pole et 15 meilleurs tours. Quand du côté de Sainz-Norris on compte 91 Grands Prix / 0 victoire / 0 podium / 0 pole position et 0 meilleur tour.
Une barre difficile à redresser
Le duo de pilotes n’est donc pas le problème. Le souci, c’est que la monoplace n’est pas bien née. Il est extrêmement difficile de redresser la barre. Et ce d’autant plus que le constructeur au losange a des soucis - comme toutes les autres équipes - pour faire bien fonctionner les pneumatiques, clef de la réussite en Formule 1. La saison ne commence donc pas sous les meilleurs auspices pour les troupes de Cyril Abiteboul. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une réorganisation a été annoncée en amont du Grand Prix d’Espagne. Mais les effets de celle-ci ne se feront pas sentir avant longtemps - peut-être même pas avant la saison prochaine. Monaco, circuit de pilote ô combien particulier, pourrait, pourquoi pas, permettre à Renault de redonner un peu de couleurs à son blason. Même si cela paraît compliqué. En interne, certains se montrent un peu résignés. D’autres essayent de positiver. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que Renault n’a pas fait le rapprochement espéré avec les trois écuries de pinte. Pire encore, l’écart s’est creusé.