G comme Grosjean

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De la première saison complète de Romain Grosjean en F1, on retiendra d’abord un surnom : « First-lap nutcase (dingue du premier tour) », dont l’avait affublé l’Australien Mark Webber après un énième accrochage lors du GP du Japon (7 octobre). Avec une douloureuse constance, le Franco-Suisse de 26 ans a en effet multiplié les abandons (9 sur 19 Grands Prix). Si sa responsabilité n’a pas toujours été engagée, la statistique interpelle. Et atténue les trois podiums décrochés par le pilote Lotus, les 98 points collectés et une 8e place au classement général. A chaque fois qu’il a franchi la ligne d’arrivée, Grosjean est entré dans les points.
« Ça a été une année compliquée, un peu en demi-teinte. Il a montré sa rapidité, sa capacité à être performant. Il y a eu ses incidents, ses accrochages. Ça ne peut pas être très positif », résume Alain Prost, observateur toujours avisé du paddock. « Il y eu des choses pas terribles et des choses exceptionnelles, enchaine le patron de l’écurie Lotus, Eric Boullier. Pour un gamin, il ne faut pas l’enterrer, il a fait trois podiums. Ce n’est pas donné à tout le monde. » A l’heure du bilan, Grosjean, s’il confie sa lassitude après une saison épuisante, préfère ne retenir que la richesse de l’expérience accumulée. « Toutes ces erreurs font que j’ai grandi et beaucoup appris, assure-t-il. Ça a piqué certaines fois mais aujourd’hui, je suis bien meilleur. »
Un avenir toujours en suspens
Le fond, Grosjean l’a touché lors du Grand Prix de Belgique à Spa (2 septembre). Désigné responsable d’un carambolage survenu dès le premier tour, il écopera d’une course de suspension par la FIA, décision à laquelle son équipe ne fera pas appel. Le pilote décide alors de modifier son approche de la compétition. Il appelle à ses côtés Benoît Campargue, ex-entraineur national de judo et coach de Teddy Riner. Une collaboration qui ne l’empêchera pas de commettre de nouvelles bourdes, comme au Japon. Plus grave, son abandon lors du dernier Grand Prix de la saison à Interlagos (Brésil) n’a pas plaidé sa cause auprès de ses dirigeants qui doutent de son mental.
Sa pointe de vitesse et son talent font pourtant l’unanimité. Grosjean a d’ailleurs pris le meilleur à 10 reprises en qualification sur son coéquipier Kimi Raikkonen, surprenant 3e au général. Suffisant pour convaincre les propriétaires de l’écurie, Gérard Lopez et Eric Lux ? Pour l’instant, rien n’a encore été signé. « J’espère que je serai là l’an prochain et si je suis là, j’espère faire comme tout au long de ma carrière, réussir ma deuxième année », a déclaré Grosjean. « Qu’est-ce qui est le plus important, la rapidité ou la fiabilité ? C’est l’équipe Lotus qui doit décider », rappelle Alain Prost. Une chose est sûre, s’il rempile, Grosjean n’aura plus le droit à l’erreur.