JL Roy : « Vettel encore… mais de peu ! »

Jean-Luc Roy, consultant RMC Sport - -
Bien sûr, si vous considérez seulement le résultat du Grand Prix d’Espagne disputé dimanche sur le tracé très complet de Montmelo, dans la banlieue nord de Barcelone, sans l’analyser, vous pouvez décréter que la domination exercée par Sebastian Vettel, le champion du monde en titre au volant de sa Red Bull Renault, est impressionnante, voire écrasante, voire, déjà, ennuyeuse...
Avec quatre victoires et une deuxième place en cinq Grands Prix seulement, le jeune Allemand, qui a également décroché quatre pole positions sur cinq, totalise déjà 118 points, soit 41 points d’avance sur son poursuivant immédiat, Lewis Hamilton, à nouveau deuxième en Catalogne comme en Australie, mais avec une seule victoire au compteur en 2011.
Derrière évidemment, c’est un peu « la débâcle », avec Jenson Button, troisième du GP et quatrième du championnat à 57 points, soit avec plus de deux victoires d’écart, en cinq courses seulement, et le propre équipier de Vettel, Mark Webber, seulement quatrième en Espagne, mais à 47 secondes, un gouffre, après avoir signé la pole position. Bref, si on pouvait se demander avant le premier GP 2011 quel effet avait pu produire son premier titre sur l’esprit et dans la mentalité d’un jeune pilote de 23 ans, maintenant on sait ! « Il vole », littéralement, c’est ce que dit de lui Mark Webber, incapable, à part lors des qualifications en Espagne, d’approcher les performances de son prestigieux équipier, alors qu’il faisait, pratiquement, jeu égal avec lui la saison dernière, au point de lui contester le titre, presque jusqu’au terme de la saison.
Vettel a toutes les qualités pour devenir un champion hors-pair, ça on le savait depuis longtemps : intelligent, talentueux, sans complexe, motivé, bon metteur au point, le parallèle avec un autre pilote allemand, multiple champion du monde et toujours en activité… est évident, mais, osons, en plus… sympathique, en plus ouvert, en plus clean, avec infiniment moins de « coups tordus » dans sa manière de se comporter sur la piste. Et surtout, à mes yeux en tout cas, Vettel ne dispose, apparemment, d’aucune protection au sein de son équipe, même si on avait bien compris dès l’an dernier qu’Helmut Marko, chargé du recrutement et de l’encadrement des jeunes pilotes pour Red Bull, avait fait de Vettel son « chouchou » personnel, à cause de sa jeunesse, de son potentiel, et de son talent bien sûr. En tout cas il n’y a clairement pas de signes au sein du team, pour faire en sorte que les pannes et les défaillances se produisent plutôt sur une autre voiture que sur la sienne, on ne peut pas en dire autant pour tout le monde, et la hargne de Webber, en Turquie en 2010, ou ailleurs, le démontre amplement. L’espoir d’assister à un championnat 2011, encore ouvert, provient du haut niveau de performance en course des McLaren Mercedes et de leurs pilotes.
Hamilton est très rapide en qualification et ne lâche rien en course, il s’en est fallu de 6 dixièmes seulement à Barcelone, sur un tracé où dépasser reste très difficile malgré le KERS et le DRS. Button est toujours très solide en course, et sa gestion exemplaire des pneumatiques finira bien par faire la différence, à condition qu’il soit bien qualifié et qu’il prenne un bon départ ! Reste le cas Webber ? En proie à des soucis personnels, à une adaptation plus difficile aux pneus Pirelli, à la domination, de fait, de son équipier, à des démons, à des problèmes physiques dont il ne veut pas parler, comme en 2009 et 2010 ? En attendant, il marque très nettement le pas, comme en Espagne, ou sa pole position aurait dû lui permettre de venir jouer avec Vettel et Hamilton pour la victoire.
Du coté de Ferrari, ou plutôt de Fernando Alonso, c’est la soupe à la grimace. Une qualification exceptionnelle sur la deuxième ligne, un départ de rêve pour arracher le commandement, une position à laquelle le double champion du monde espagnol se maintient une vingtaine de tours, et puis c’est l’effondrement en pneus durs, et une cinquième place logique…mais à plus d’un tour, c’est l’humiliation pour la Scuderia et son pilote de pointe, tout simplement. Quant à Massa, qualifié huitième à près d’une seconde de son équipier, il n’est que l’ombre de lui-même en course, espérons qu’il souffrait déjà des problèmes mécaniques qui le font renoncer en vue de l’arrivée…
Dans les rues de Monaco, ce sera forcément une autre affaire. Webber est le vainqueur en titre, Alonso a une revanche à prendre, après avoir détruit sa Ferrari en essais l’an dernier, et on dit toujours que le pilote compte plus que la machine dans le dédale monégasque…alors attention à Vettel !
Jean-Luc ROY
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