Lotus : Grosjean en porteur d’eau

Kimi Räikkönen et Romain Grosjean - -
A Suzuka, Romain Grosjean a pris la double peine. Une volée de bois vert largement médiatisée de Mark Webber (« encore un coup du cinglé su 1er tour ») et un changement de statut au sein de la hiérarchie des pilotes Lotus. Depuis sa bourde au Japon, la mission du Français est d’œuvrer au service de Kimi Räikkönen, surprenant troisième au championnat du monde des pilotes. De ces nouvelles consignes de course, son patron Eric Boullier ne fait aucun mystère. « Chez nous en tout cas, il n’y a pas de numéro 1 ou de numéro 2 si on parle de statut, mais il est vrai que Romain, de par sa position en championnat, s’est mis au service de Kimi », explique le directeur sportif.
La raison est simple. A trois manches de l’épilogue du championnat du monde, le seul objectif de Grosjean est désormais de terminer 7e, la place actuelle de Nico Rosberg (Mercedes). C’est une bagarre à trois entre l'Allemand (+3 points), lui et Massa (-1) qui attend les pilotes à Abu Dhabi, Austin et Sao Paulo. Un challenge intéressant pour le Français qui a l’occasion de se mesurer à deux concurrents expérimentés. « J’ai un championnat à jouer avec une 7e place possible mais pas évidente à aller chercher. » Un mini-championnat qui ne suffit cependant plus à le mettre au même niveau que son coéquipier. Car c’est la première fois depuis 2006 que Lotus (ex-Renault F1 sacré cette saison-là avec le deuxième titre d'Alonso) est en lutte pour mettre un de ses pilotes sur le podium.
« Accepter qu’il ait de nouvelles pièces et pas moi »
« Sincèrement, je crois encore au podium pour Räikkönen parce que notre voiture est constante », se risque Boullier. Objectif inavouable en début de saison, cette troisième place d’Iceman justifie de faire de Grosjean un porteur d’eau. En réalité, le Français est le pilote bis depuis le GP de Belgique et son erreur spectaculaire sur Alonso et Hamilton qui lui avait valu de regarder ensuite Monza du muret. Depuis Spa, toutes les nouveautés sont testés en essais libres sur la monoplace du champion du monde 2008, avant d’y être installées en priorité. « Avant le week-end, il faut accepter qu’il ait de nouvelles pièces et pas moi. » Ça s’est vu en Corée où le Finlandais avait un nouveau système d’échappement alors que le Français ne l’a eu qu’en Inde.
Récidiviste, Grosjean accepte son sort sans trop broncher. Il sait aussi qu’il doit se tenir à carreau. « C’est important d’être intelligent en sachant ce qu’il faut que je fasse à certains moments, même si on ne me le demande pas. » Enfin, dans sa communication aussi, Lotus fait une différence. Le constructeur met en avant l’ancien pilote Ferrari. L’annonce de sa prolongation a fait l’objet d’une communication officielle appuyée. On attend toujours celle de Grosjean.