Prost : « Vettel est un beau champion »

Alain Prost - -
Alain Prost, cela vous fait-il plaisir d'être rattrapé par un « jeunot » de 26 ans ?
Il y a eu une époque où j’avais presque tous les records en dehors de celui du nombre de titres puisque Fangio est toujours resté devant (5 titres pour l’Argentin). Je n’ai pas essayé d’aller le rejoindre. Après il y a eu Schumacher (7 titres entre 1994 et 2004). Maintenant, il y a Sebastian Vettel. C’est toujours mieux d’être rejoint pas des très bons pilotes talentueux et sympathiques. C’est le cas. De toute façon, on ne peut pas faire grand-chose. On ne peut pas remonter dans la voiture. Ce n’est pas un record qui me tentait à l’époque. On voit le temps passer et les pilotes passer devant. Je n’ai quasiment plus aucun record à mon palmarès. C’est un beau champion. Il est très jeune. Il a 26 ans. A cet âge-là, je gagnais mon premier Grand Prix (en France en 1981, ndlr). C’est une génération très différente qui commence très tôt le karting. On ne peut pas comparer.
Est-il l'un des plus doués ?
Je ne suis pas sûr qu’on puisse comparer les époques. On demande aujourd’hui des choses différentes de ce qu’on nous demandait à l’époque. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une super génération de pilotes aujourd’hui. Ils ont vraiment beaucoup de talent. Sebastian, on l’a vu dès le début, est très talentueux. Mais ce n’est pas tout. Il y a le travail, l’obstination, le côté méticuleux… La confiance en soi est l’une de ses qualités qui peut parfois être perçue comme un défaut. Schumacher avait cela aussi. On disait que c’était de l’arrogance. Je lui ai posé la question plusieurs fois quand il n’était pas bien au championnat. Il n’y avait pas de doute dans sa tête. Il allait gagner et c’est ce qu’il a fait en remportant trois ou quatre courses d’affilées et en étant champion. Au niveau du travail, il est à l’affût de la moindre chose qui va le faire progresser.
Comment expliquez-vous que Red Bull parvienne à faire autant progresser ses voitures ?
Déjà, il n’y a pas de problème de finance. C’est une écurie très solide. Il y a une osmose totale entre la partie chassie avec Red Bull et Adrian Newey (directeur technique), le concepteur et l’ingénieur le plus talentueux de ces 30 dernières années. J’ai gagné mon dernier titre avec lui chez Williams (1993). Il y a aussi une osmose avec Renault, le motoriste, qui vient de gagner les quatre titres consécutifs avec Red Bull et Vettel. C’est important. Cela peut être pris comme une domination sans partage mais elle est méritée.
Vettel va-t-il rattraper Michael Schumacher et ses sept titres mondiaux ?
Les règlements vont changer la saison prochaine avec un nouveau moteur. Cela va changer beaucoup de choses dans la Formule 1. Les pilotes qui s’impliquent davantage seront sans doute avantagés. Des grands ingénieurs comme Adrian Newey sont capables de bien gérer ces changements. Attendons de voir mais il est bien possible qu’on assiste à une domination de Red Bull, Renault et Vettel pendant encore quelques temps.
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