Vettel, le sacre d’un surdoué

Sebastian Vettel - -
Quelques secondes après avoir franchi la ligne d’arrivée, Sebastian Vettel fond en larmes. Seul dans son cockpit, l’Allemand vient de comprendre. A l’issue d’une course parfaitement maitrisée, il remporte sur le fil son premier titre de champion du monde. « Merci les gars. C’est incroyable. Je vous aime », sanglote-t-il dans sa radio.
A 23 ans, 4 mois et 11 jours, le prodige de Red Bull s’adjuge un nouveau record de précocité. Le plus prestigieux. Déjà plus jeune pilote à avoir marqué un point en F1, signé une pole-position et gagné une course (à Monza en 2008), il est désormais le champion du monde le moins âgé de l’histoire. « Je suis sans voix. C’est un jour très spécial, lâche-t-il. J’ai toujours cru en moi. Ce matin (dimanche) en me levant, j’ai essayé de tout oublier, d’éviter le contact avec les gens. Je devais juste gagner la course. » Et c’est ce qu’il a fait. Avec la manière. Parti en pole position sur le bitume d’Abu Dhabi, le natif d’Heppenheim (dans le sud-ouest de l’Allemagne) a survolé la dernière épreuve de la saison. Imperméable à la pression, celui qui pointait à la troisième place du classement avant ce week-end, a profité des erreurs de stratégie d’Alonso et de Webber pour leur voler la vedette. Afin de ne pas le perturber, ses mécaniciens l’ont laissé dans l’expectative jusqu’au drapeau à damiers. Pour une joie encore plus intense.
« Baby Schumi » a mûri
Vainqueur à cinq reprises (Malaisie, Europe, Japon, Brésil, Abu Dhabi) et auteur de dix pole-positions, Vettel a dominé l’exercice 2010. Malgré quelques avaries mécaniques et une rivalité interne avec son coéquipier Mark Webber, il devient le deuxième pilote allemand à s’imposer en F1. Après un certain Michael Schumacher. Les deux hommes s’apprécient d’ailleurs énormément. Vettel était même surnommé « Baby Schumi » à ses débuts. « Il m’impressionne, confiait l’ancienne star de Ferrari la saison passée. Je l’ai vu grandir. On se parle assez souvent au téléphone mais il ne me demande pas de conseils. En plus, je ne crois pas qu’il en ait besoin. Il s’en sort très bien tout seul. » Comme un passage de témoin qui se serait matérialisé dans le Golfe ce dimanche. Alors que Schumi abandonnait dès le premier tour, son poulain se hissait au paradis.
Une belle récompense en tout cas pour l’un des pilotes les plus sympathiques du paddock. Loquace et plein d’humour, féru d’escalade et de VTT, Vettel a toujours cultivé son look de skateur, loin des standards entretenus par ses adversaires. Avec sa tignasse blonde et son sourire imperturbable, il a vite fait l’unanimité chez Red Bull, qui le suit depuis ses débuts en karting à l’âge de huit ans. Avec ce premier titre de champion, il est même entré dans l’histoire d’une écurie autrichienne qui parachève son triomphe 2010 après le titre des constructeurs.