Vettel ou l'itinéraire d'un surdoué

Vettel, facile en apparence, acharné et dur au mal en coulisse - -
Sous son casque, il a écrasé quelques larmes au moment de passer sous le drapeau à damier, avant de se murer dans une réserve toute maitrisée en conférence de presse. Sebastian Vettel, porte-drapeau de l’écurie Red Bull-Renault, a certes été sacré sur la piste de Suzuka pour la deuxième fois champion du monde de F1 à 24 ans, 3 mois et 6 jours, mais il lui reste quatre courses pour remporter le titre constructeur. « On savoure mais dès demain (lundi), on part pour la Corée du Sud, raconte son ingénieur Guillaume Rocquelin. Il faut finir la saison, on veut aussi gagner le championnat constructeur. C’est frustrant de ne pas pouvoir être plus démonstratif, mais la F1 est un sport très professionnel. Il y a beaucoup d’enjeux, donc on doit garder la tête froide. »
Et avec l’Allemand, l’équipe Red Bull est servie. Si on ne le voit jamais élever la voix, le pilote d’Heppenheim tient ses ingénieurs et ses mécaniciens d’une main de fer. La prime à une implication depuis toujours sans faille dans le développement de ses voitures en kart, F3 puis F1. « Il a laissé une trace énorme sur le niveau d’implication qu’on peut demander à un pilote, se souvient Laurent Mekies, ingénieur chez Toro Rosso, couleurs sous lesquelles Vettel a couru en 2007 et 2008. Plus d’une fois, il nous a dit : « Non, on ne va pas faire comme ça parce que je le sens différemment. » On s’est tous regardé, et on s’est dit : « OK, on fait comme tu le sens ». Il a eu raison plus souvent que le contraire. Il y a une partie qui est uniquement perceptible par le pilote, et il faut la respecter. »
Schumacher : « Pas surpris de le voir là où il est arrivé »
Inspiré et dur au mal, l’Allemand obtient en retour un investissement sans faille de ses collaborateurs. « Il sait gérer les relations humaines de manière exceptionnelle, et motiver les gens autour de lui, rappelle Frédéric Vasseur, patron ART en GP2, et ancien boss de Vettel en F3 Euro Series, championnat qu’il termina à la 2e place en 2006. Il se permet d’avoir le détachement qu’un pilote de 18 ans habituel n’a pas. Il était archi-dominateur dans sa tête. » Dans sa tête, dans ses rapports professionnels, et sur les circuits. « On n’est pas vraiment surpris de le voir là où il est arrivé aujourd’hui, déclare Michael Schumacher, référence suprême avec 7 titres et 91 victoires. On le voyait progresser d’année en année en kart. » Et ça ne semble pas près de s’arrêter. « Il a une fantastique machine, et un excellent relationnel avec l’équipe Red Bull, analyse Patrick Tambay, ancien pilote. Il est parti pour régner comme l’a fait Michael Schumacher. On entre dans un cycle Vettel, même si la concurrence sera plus féroce la saison prochaine. » « Baby Schumi », avec ses 2 titres et 19 victoires, est armé pour partir à l’assaut de son illustre prédécesseur.